Interview de Maxime Vielfaure

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Nous avons eu la chance d’interviewer Maxime Vielfaure, qui participe aux championnats de France de judo (3ème division) en 2019.

D’ailleurs, on en profite pour vous dire que nous avons la chance de le coacher en préparation mentale pour cet événement qui arrive bientôt ! Pour tout savoir suivez nous sur les réseaux sociaux.

Pour en savoir un peu plus sur la préparation mentale n’hésitez pas à lire cet article.

Voici la transcription texte de l’interview de Maxime Vielfaure !

Présentation de Maxime Vielfaure

Bonsoir à tous et bienvenue sur notre première interview de Corps et Esprit Martial. Nous accueillons aujourd’hui Maxime Vielfaure (noté MV).

Donc, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots,Maxime, s’il te plaît.

MV

Donc moi c’est Maxime Vielfaure, j’ai 19 ans, je suis professeur ou aide professeur du Judo-Club des Cheminots Lunel et je suis aussi compétiteur Judoka.

Marvin

D’accord. Et ça fait combien de temps que tu pratiques ?

MV

(sifflet)

Depuis l’âge de 4 ans, donc ça fait 15 ans maintenant.

 

 

 

Gestion de la blessure par Maxime Vielfaure

 

 » Un arrêt de la compétition de une saison ! « 

 

Marvin

D’accord. T’as pas eu d’interruption longue durée ou des choses comme ça ? Tu t’es pas arrêté 3 ou 4 ans parce que tu en avais marre ?

MV

Alors si, j’ai eu une interruption, on va dire un arrêt de la compétition de une saison, donc de 1 an, à cause de blessures aux épaules répétées. Je m’étais éclaté 4 fois l’épaule gauche et une fois l’épaule droite.

Marvin

Bon, ben ça c’est l’épreuve de la compétition, c’est vrai qu’on s’engage plus et il y a plus de risques de blessure au final.

MV

Oui, c’est ça

Marvin

C’est un peu le risque.

Mais bon, tu as réussi à récupérer, du coup, sur tes épaules ?

MV

J’ai tout récupéré avec séances de kiné, ostéo, et j’ai fait aussi de la muscu pour bien me renforcer, pendant une saison (c’était la saison dernière). La saison 2017-2018 j’ai galéré, je me suis fait quasiment planter sur toutes les compètes, j’ai fait quelques petits trucs, mais sinon je me suis fait défoncer et c’est à partir de cette saison que j’ai commencé à vraiment bien récupérer.

 

 » On m’a immobilisé pendant 10 jours. « 

 

Marvin

Oui, d’accord. Après voilà, ça c’est important de l’entendre, aussi, parce que souvent on entend les compétiteurs qui s’arrêtent pas, etc. Quand on prend une blessure c’est important de prendre le temps de récupérer et de souffler. Et de suivre des spécialistes et des avis de spécialistes, parce qu’il y en a qui récupère n’importe comment et puis après, au bout de 5 ou 6 ans, ça se paie : il y a des douleurs et c’est vrai que c’est dommage.

D’ailleurs, tu as eu une douleur à la cheville, enfin tu t’es blessé à la cheville assez sévèrement. Tu peux nous raconter un peu comment c’est arrivé ?

MV

Un truc tout con, en fait. J’étais à l’entraînement, en fait, il y a un collègue à moi qui s’appelle Sofiane Ait Mohamed Amer (pour ceux qui veulent aller voir) qui est un des meilleurs judokas de France dans la catégorie des moins de 90 kg, il était en équipe de France junior et il venait en fait faire un entraînement avec nous (en fait), dans son club d’origine parce que maintenant il est sur Paris. Avant il était à Lunel, il est venu faire un entraînement avec nous et je me suis entraîné avec lui et bien sûr on a fait les bourrins, comme d’habitude, et j’ai voulu faire (pour ceux qui connaissent) un Ippon – Ko uchi gari et lui il m’a bloqué, il m’a contré, sauf que bon il fait 30 kg de plus que moi et ma cheville elle a fait « crac« . Et je suis resté par terre pendant 10 minutes, après j’ai pu me relever. Sur le coup, en fait, ça faisait pas si mal que ça mais le lendemain je ne pouvais plus bouger et en fait j’avais fait une grosse entorse de la cheville et partiellement déchiré un des ligaments qui soutient la cheville.

Marvin

Voilà, donc, c’est vrai que c’est intéressant cet exemple parce je trouve que ça montre à quel point les accidents arrivent bêtement parfois.

C’est à dire qu’on est à l’entraînement, on est tranquille, et puis on va un peu vite, on va un peu fort et parfois on se blesse.

MV

C’est exactement ça.

Marvin

On peut faire tout ce qu’on veut, malheureusement on est dans des sports où la blessure arrive. Voilà. On peut être aussi bienveillant qu’on veut, etc. mais à partir du moment où il y a du contact il y a des risques de blessure, ça peut arriver et il faut en avoir conscience.

Et surtout, moi ce qui va m’intéresser c’est le protocole que tu as mis en place pour récupérer ta cheville, ta proprioception et ton équilibre.

MV

Alors, ben dès que j’ai eu ça arrêt médical, de suite. On m’a immobilisé pendant 10 jours. Donc pendant 10 jours ne n’ai pu rien faire, mais vraiment ! C’est à dire que j’avais une attelle, et tout, des béquilles. Rien faire pendant 10 jours. Et après séances de kiné. Et le gars, qui est un très très bon kiné, m’a permis de récupérer plus ou moins vite, on va dire, parce que ça ne se récupère pas comme ça, malheureusement. Et beaucoup de proprioception, en fait.

Ce qui était important c’était de récupérer la mobilité de la cheville, parce qu’une fois qu’elle est démonté eh bien ! tu perds en mobilité. Parce que vu que tu l’immobilises pendant un moment, malheureusement elle ne peut plus bouger comme tu faisais avant. D’ailleurs même encore actuellement je ne peux pas la bouger à l’identique de ma cheville gauche.

Marvin

Oui. Et ça fait combien de temps ?

MV

Ça fait… C’était juste après une compétition, disons milieu janvier j’ai fait ça.

Marvin

Oui, donc ça fait déjà 5 mois.

MV

A peu près, oui.

Marvin

Ça fait 5 mois, et tu n’as pas retrouvé la mobilité ? Après tu as repris les entraînements, mais adaptés, c’est ça ?

MV

Oui, c’est ça.

Marvin.

Voilà, même si vous avez des choses qui vous tiennent à coeur, parce que Maxime, voyez, il continue, il est sérieux, il continue à préparer, là il va partir au France (ce n’est pas rien) et malgré cela il a adapté sa pratique. Parce que s’il veut pouvoir durer dans le temps il faut à un moment qu’il accepte de laisser de côté certaines techniques, peut-être, qui lui tiennent à coeur, et peut-être qu’il a laissé le ippon pour un certain temps, le temps de récupérer au niveau de la cheville.

MV

Pas mal de trucs que j’ai laissé de côté (rires)

Marvin

Mais après ça permet de s’entraîner sur autre chose ! On s’entraîne différemment.

MV

Ben… vu que moi je suis surtout un gros bourrin, ça permet surtout de travailler la mobilité, et que j’ai beaucoup fait, surtout, c’est du travail de garde.

C’est à dire vu que je pouvais pas trop utiliser mes jambes, eh bien ! à pas utiliser les jambes tu travailles le haut du corps. Du coup j’ai beaucoup travaillé la garde, en fait. Oui, je crois que pendant 2 semaines, en fait, au lieu de faire des combats comme les autres, et bien je prenais un gars et je lui disais : « Désolé mais moi je ne peux pas combattre. Est-ce que ça te dit ? on fait des batailles de gardes ». Du coup pendant 4 minutes, batailles de gardes, batailles de gardes. Que sur les mains ?

Marvin

Oui mais, alors moi je trouve que finalement tu as eu une super réaction, c’est-à-dire que quelque chose qui était un inconvénient tu en as fait un avantage, tu es parti travailler sur autre chose et tu n’es pas resté immobile. Parce que certaines personnes ont tendance à dire « J’ai été blessé, je ne fais plus rien du tout ».

Alors effectivement, si par exemple tu as une douleur aux cervicales on va faire attention, mais il y a des choses qu’on peut faire, qu’on peut adapter. Voilà, par exemple, le travail de garde qui est quelques chose qu’on ne va pas forcément prendre le temps de travailler une fois qu’on est à ton stade, parce que on maîtrise quand même, c’est pas quelque chose qu’on va travailler à part entière, ça permet de revenir dessus. De prendre un temps et de renforcer sa technique.

MV

C’est exactement ça.

La préparation technique et physique de Maxime Vielfaure

Marvin

Je trouve ça très intéressant.

Je voudrais savoir : tu pratiques combien d’heures combien par semaine, en moyenne, juste le judo ?

MV

Juste le judo ?

Alors, parce que ça dépend. Il y a les heures au Dojo que je suis, parce qu’aussi il y a des cours où j’enseigne, mais il y a des cours que je fais. Et donc où je m’entraîne.

En global, si tu cumules le tout, je peux même te dire exactement, je suis 2 heures le lundi, mercredi, vendredi, je tourne environ à entre 8 et 10 heures dans le Dojo par semaine.

Marvin

Ça commence à faire, oui, ça commence à faire pas mal. Et à côté de ça tu as ta prépa, du coup, prépa physique ? et tu y consacres combien de temps par semaine à la prépa physique, en plus?

MV

Ça va dépendre, en fait, ça va dépendre des cycles. C’est à dire maintenant je fais… En fait à l’époque, il y a quelques saisons en arrière, je faisais le tout en même temps. C’est à dire je faisais beaucoup de prépa physique et en même temps je faisais le judo.

Maintenant, vu que j’ai on va dire un peu étudié, un peu vu comment ça fonctionnait tout ça, il y a des fois ou ben je vais plus travailler le technique et laisser un peu la prépa physique de côté. Et il y a des cycles où je vais au contraire moins travailler la technique et plus me concentrer sur la prépa physique, du coup. Pour te dire, actuellement je suis dans un cycle technique ce qui fait que de la prépa physique je n’en fais pas du tout.

Marvin

D’accord. Donc tu ne fais pas, par exemple, de séance de muscu à la maison, ou quoi que ce soit.

MV

Pas pour l’instant, non. Ça va revenir, mais pour l’instant non.

Marvin

Oui. Donc du coup je voulais savoir. Souvent dans les Arts Martiaux on dit « la prépa physique c’est soit il faut en faire tout le temps » « soit il faut en faire quasiment jamais ». Et je voulais savoir, toi, ton rapport à la prépa physique quand est-ce que tu as commencé à t’y intéresser, comment tu t’y es intéressé, est-ce que tu trouves ça nécessaire pour ton judo. Voilà. Ta position, un peu.

 » Dans le sport aujourd’hui, si tu veux faire des résultats en compétition c’est impossible de passer à côté de la prépa physique « 

MV

Alors en fait j’ai commencé à m’y intéresser il y a quelques années parce que je…. j’ai toujours été intéressé par le sport, en fait, et il y a quelques années je suis tombé sur une video par hasard, d’un très grand coach en MMA qui s’appelle Fernand Lopez et je suis tombé sur une video d’un gars qui est un peu moins connu mais qui est envoie pas mal qui s’appelle aussi Gilles Arsene et les deux en fait ont un discours qui m’a plu. C’est : « La technique en Arts Martiaux ou en sports de combat, n’importe, ne peut pas être dissociée du physique, c’est impossible ». Pour être bon en technique, il faut avoir un bon physique, ce n’est pas dissociable. Et surtout maintenant, dans le sport aujourd’hui, si tu veux faire des résultats en compétition c’est impossible de passer à côté de la prépa physique. On est maintenant dans un système qui est tellement professionnalisant que tu ne peux pas te passer de préparation physique. Du coup, que ce soit pour les sports de combat ou pour les Arts Martiaux, la prépa physique c’est assuré, c’est obligatoire.

Maintenant, en faire tout le temps, c’est pas la meilleure chose non plus. Parce que ça dérègle aussi ton rythme technique et tu te retrouves, en fait, à ne plus savoir rien faire. Du coup, en fait, faut trouver un juste milieu et savoir associer préparation physique et recadrage technique pour adapter ton rythme, en fait, et être le meilleur possible, quoi. Le meilleur de toi-même.

Marvin

C’est vrai que c’est intéressant ce que tu dis, c’est à dire que souvent on dit « les Arts Martiaux c’est que de la technique et puis le physique sert à rien ». Je pense que c’est un peu un leurre et que si on regarde tous les grands pratiquants d’arts martiaux, ils ont un physique qui se transforme forcément par la pratique. Il faut différencier le physique de l’esthétisme. Parce que les gens ont du mal aussi avec ça, mais c’est un autre problème.

MV

Ouais

Marvin

Il y a beaucoup de grands pratiquants, tu regardes ils ont pas le six pack.

MV

Pas tous, non

Marvin

Et ça les empêche pas d’être efficaces, tu prends Le Banner il avait pas le six pack ça l’a pas empêché d’être ce qu’il est, par exemple.

MV

Ben je peux prendre le meilleur exemple possible, si vous voulez allez voir, les gars, allez regarder l’instagram de Daniel Cormier, c’est un champion de MMA. Le gars il a eu deux ceintures mondiales, dans deux catégories différentes, et son physique c’est loin d’être le mec parfait, hein. Il fait 1m80, il fait 115 kilos, on va dire, un truc dans le genre. Donc imaginez le bébé, tu vois. Pourtant ça ne l’a pas empêché d’être… je crois qu’il est 5 fois champion du monde.

Marvin

Tout à fait. Et je pense que, niveau physique, il y a du physique derrière.

MV

Ah oui, sûr.

Maxime Vielfaure et l’enseignement

 » Si jamais tu n’apprends pas quand tu enseignes c’est que soit t’es un branleur soit tu n’as pas enseigné. « 

 

Marvin

Moi je voulais savoir, du coup, tout à l’heure tu disais que tu faisais des études, est-ce que tu penses essayer de gagner ta vie avec le judo ? est-ce que c’est juste une passion ? Parce que la vie dans le sport, aujourd’hui, c’est assez difficile.

MV

Non, ce ne sera pas ma vie, en fait. C’est beaucoup une passion. J’ai eu la chance, c’est mon coach en fait qui un jour m’a appelé et qui m’a dit « Si tu veux on peut t’aider à faire, on va dire entre parenthèses une carrière d’entraîneur », tu vois, voilà, il m’a dit « On a des formations qui permettent d’accéder à telle rang pour que tu puisses entraîner. Tu en plus tu as une faculté c’est que tu n’es pas mal au sol, du coup je te vois bien entraîner sur des cours de combat au sol. Donc est-ce que ça t’intéresse, et tout ? » C’était par pur hasard. Et moi j’ai dit OK, comme ça, mais ce ne sera jamais ma vie. Non, j’ai fait des études aussi dans le sport, mais je me suis rendu compte que finalement c’était pas ce que je voulais.

Marvin

Et du coup, tu parles de l’enseignement et j’ai une petite question par rapport à ça. Quand tu enseignes, est-ce que tu trouves que c’est une autre façon d’apprendre ? ou tu n’apprends pas du tout quand tu enseignes, finalement ?

MV

Ah tu apprends toujours, tu apprends toujours ! Tu es obligé d’apprendre. Si jamais tu n’apprends pas quand tu enseignes c’est que soit t’es un branleur soit tu n’as pas enseigné, c’est impossible.

Je crois que je n’ai jamais autant appris de ma vie, tu vois, que depuis que j’enseigne. Tu es toujours obligé d’apprendre, en fait, parce que si tu veux proposer la meilleures chose à tes élèves tu dois aller voir les meilleurs, tu vois. Et c’est auprès des meilleurs que tu vas apprendre, parce qu’au final tu te rends compte que toi ce que toi tu as vu ben c’est rien comparé à ce que des gens sont capables de faire, tu vois.

Marvin

Ah oui, je suis 200% d’accord. D’ailleurs, les gens, si vous voulez un peu approfondir tout ça, je vous conseille de lire notre article Shoshin dessus l’état d’esprit du débutant. Et je pense qu’il y a un autre point à approfondir c’est que lorsqu’on explique la technique, on ne peut pas l’expliquer clairement si on ne l’a pas comprise clairement. Donc on est toujours obligé de chercher à mieux la comprendre pour simplifier l’explication. Je suis d’accord avec toi : l’enseignement c’est une autre façon d’apprendre. Et ça se voit énormément dans les dojos. Je ne sais pas si ça a marché comme ça aussi pour toi ? Mais quand on commence à avoir un peu de grade, et bien on montre aux débutants. Et rien que là, déjà, on apprend énormément, je trouve.

MV

C’est ça

Marvin

C’est le premier pas.

Tu parlais, de tes études. Et moi je voulais savoir, parce que bon tu as quand même fait des études assez intensives, supérieures, niveau faculté, comment tu as fait pour gérer l’emploi du temps ? Si tu avais des conseils à donner à quelqu’un qui doit gérer, garder sa motivation en faisant son sport et sa fac, et de façon sérieuse et intensive comme toi.

MV

Des conseils ?

Marvin

Oui, des conseils, pour gérer l’emploi du temps.

MV

Moi ce qui m’a permis, on va dire, de lier les deux, c’est toujours prendre du temps pour vous, en fait. Vous pouvez pas toujours être dans le truc de « Faut que je sois à l’étude, faut que je sois à mon sport », et tout, tu vois. Moi c’était pas possible, fallait toujours que je prenne du temps à côté pour avoir quelque chose d’autre. Et j’ai de la chance, j’ai plusieurs autres centres d’intérêt, en fait, qui m’ont permis de m’échapper un peu de ce truc pour pouvoir respirer un coup puis ensuite revenir de meilleur dans les études ou dans le sport.

Maxime Vielfaure : motivation et gestion du stress

Marvin

Je trouve que c’est un concept très intelligent. Vraiment, le fait de réussir à prendre du recul, je trouve ça un très très bon conseil. Je devrais peut-être parfois en prendre de la graine….

Et comment tu as fait, toi, pour rester motivé tout ce temps, parce que tu pratiques depuis 4 ans et il y a des gens -moi je le vois, je pense que tu en as croisé aussi- qui ont pratiqué 3-4 ans et qui te disent : « Ben ça y est, le judo je connais, le ju-jitsu je connais, je vais voir autre chose, quoi. » ?

Et toi, qu’est-ce qui fait que tu as réussi à rester motivé depuis tes 4 ans (tu as 19 ans) et que tu continues à pratiquer avec autant d’énergie ?

MV

Quand je me fais fracasser, en fait ! (rire) Non, mais c’est ça, en fait !! Comme je disais tout à l’heure, tu te rends compte en fait que tu es rien du tout quand tu te fais défoncer, en fait. Par exemple je vais prendre un exemple tout con. L’année dernière, j’étais en formation, pour avoir un diplôme et tout de la Fédération Française de Judo, et il y avait un gars qui était notre formateur et qui s’appelait Laurent Satabin. Pour ceux qui connaissent pas c’est une référence dans le ju-jitsu en France, et dans le judo. Et je crois qu’actuellement il est 6ème ou 7ème Dan, et il nous a montré des trucs de pédagogie et techniques. Et j’ai eu, , le privilège d’être pris comme Uke ou en partenaire.. Et je crois que je ne me suis jamais autant fait démonter par quelqu’un en prestation technique, tu vois. Le gars était tellement fort, en fait, il était tellement précis, il était tellement capable de me démonter très facilement que je me suis dit : « Ah oui, en fait j’ai 19 ans, je suis en pleine force de l’âge, le gars lui en face de moi il a 60 ans et il a des années de carrière derrière lui, et il pourrait limite me démonter un bars, tu vois ». Pareil, l’année dernière j’ai pris un gars très très costaud qui s’appelle Frédéric Floret , qui était vice champion de France première division, et c’était en entraînement de masse, on a fait un combat, je lui ai mis un O soto gari en fait au tout début du combat un ippon, et en fait grosso merdo il m’a laissé travaillé juste sur ça, il s’est relevé et il m’a dit « Allez, à mon tour » et il m’a mis facilement 10 ou 15 boîtes ? Il m’a détruit !! Et c’est là que je me suis rendu compte que j’étais un rien du tout et qu’il y avait pas mal de choses encore à apprendre.

Marvin.

Du coup, quand tu prends ce genre de défaite, ça te remotive ? ça te met un coup de fouet ?

MV

Ah ben ouais.

Marvin

Alors quel est le discours interne que tu mets en place, tu vois, qu’est-ce que tu dis pour te motiver. Parce qu’il y en a plein qui abandonnent. Qu’est-ce que tu dirais à un jeune judoka, qui vient de perdre son premier combat et qui serait un peu démotivé. Qu’est-ce que tu dis ? Pour remotiver. Qu’est-ce que tu aurais envie de lui dire ?

MV

Les jeunes judoka quand je les vois en tout, qui perdent, ben je lui dis : « Ben tu vois le gars, là, qui est en face de toi, t’as vu, hein, c’est un humain. Il a une tête, il a deux bras, il a deux jambes. S’il a atteint ce niveau c’est-à-dire qu’il y a tout le monde qui peut l’atteindre, tu vois. Du coup tu vas t’entraîner et la prochaine fois tu vas le choper et tu vas le démonter.

Marvin

Alors, justement, toi, quand tu arrives devant ce genre d’évènement où tu sais qu’il y a de l’enjeu, est-ce que toi tu stresses, est-ce que tu as un stress avant une compétition, un combat important ?

MV

Quand je fais les niveaux qualificatifs, si je stresse de ouf. Par contre quand j’arrive au niveau national et tout, en fait je me dis « Ben en fait il n’y a rien au-dessus ». Il n’y a rien au-dessus, en fait. J’aurais beau faire champion, tu vois, ben au-dessus il n’y a rien. Du coup il n’y a pas besoin de stresser pour une qualification en ci ou en ça, tu vois. Voilà. Je ne suis pas judoka élite, je ne vais pas être en équipe de France, tu vois. Du coup, quand j’arrive en épreuve nationale je me dis : »Oh, ben, fais-toi plaisir. C’est tout. Tu combats, tu y vas à fond, et tu fonces tête baissée, on verra ce qu’il adviendra. »

Marvin

Et sur quel type de combat, du coup, tu prends le plus de plaisir ? Ceux avec le stress des qualifications ? Ou ceux sans le stress ?

MV

Ça va dépendre, c’est…. Quand j’affronte un monstre, et que vraiment là j’ai de la difficulté, là c’est là où tu prends le plus de plaisir, même si tu perds, c’est pas grave, tu vois. Parce que tu sais qu’en face de toi le mec c’est une machine de guerre.

Marvin

Mais que tu as quand même une chance de le battre, du coup. Ou même si t’as aucune chance de le battre c’est quand même pareil ?

MV

Ah j’y vais, je fonce, je m’en fous.

rires

Marvin

De toute façon faut tout donner, il n’y a pas de secret.

Comment tu fais pour gérer le stress sur les épreuves qualificatives, du coup. Tu as des techniques ? Est-ce que tu as un rituel par exemple le matin ?

MV

Alors, il y a longtemps, en fait, je pensais que pour enlever le stress fallait que je sois énervé. Mais vraiment ! C’est à dire avant de monter sur un tapis je faisais tout pour m’énerver, je me frappais, et j’étais en mode « Lui faut que je le tue ». Ça a marché pendant un moment mais après il y a une limite, en fait. Il y a une limite : c’est que tu es trop tendu, et tu joues beaucoup sur ta force, et tu t’épuises très vite. Et depuis cette année je suis en mode euh…. J’utilise beaucoup la musique et des techniques, surtout, de visualisation (pour en savoir plus sur cette technique consultez cet article). Beaucoup de technique de visualisation, je visualise beaucoup le combat, la veille. Avant de venir je me dis « Tiens, ça, ça, ça, ça. » Et je visualise, et je respire un grand coup.

Technique de respiration. De la méditation, aussi, ça m’a aidé. Et quand j’arrive sur la compétition, je suis stressé mais je ne suis pas stressé comme j’étais avant. Je suis beaucoup moins stressé, c’est du bon stress en fait. t je rentre sur le tapis beaucoup plus décontracté, mais avec l’envie de… l’envie vraiment d’aller combattre.

Marvin

C’est très intéressant ce que tu dis, notamment sur la différence entre le bon et le mauvais stress. Parce qu’on ne s’en rend pas forcément compte mais le stress c’est quelque chose d’utile au corps humain, c’est ce qui le met en état d’alerte, hein ! C’est ce qui permettait, quand on se faisait chasser, parce qu’il y avait un tigre ou quoi que ce soit, ben c’est ce qui nous permettait de nous mettre en état d’alerte. Et le stress c’est ce qui fait que le corps va être vif à réagir. Mais il y a le mauvais stress, comme tu disais, qui va te faire t’épuiser.

Et la veille est-ce que tu as un rituel, par exemple quelque chose (j’en sais rien), est-ce que tu vas te regarder un film, est-ce que tu vas… ou tu fais comme d’habitude ?

MV

Non, même pas. Généralement la veille je me couche très tôt, en fait. Je me couche très tôt pour être en forme, du coup non je n’ai pas de rituel.

Marvin

D’accord. Ben si, tu as un rituel qui est de se coucher tôt !

MV

Ouais, on peut dire ça. J’ai le rituel « je me couche très tôt ».

Marvin.

Ben oui, mais il y en a certains, moi j’ai rencontré des compétiteurs qui disaient « Moi la veille je suis plutôt du genre à regarder un film et à me coucher assez tard. J’ai fait des siestes dans la journée. » Voilà, ça dépend.. D’accord.

Je voulais savoir si le matin, pareil, est-ce que tu as quelque chose le matin d’une compétition qui pourrait être stressante, ou pas d’ailleurs, mais tu as un rituel ?

MV

Alors, le matin, oui. Le matin je vérifie cinquante mille fois mes affaires dans mon sac. Est-ce que j’ai bien mon kimono est-ce que j’ai bien ma ceinture ? est-ce que j’ai bien mon passeport ? est-ce que j’ai bien ma ceinture rouge ? est-ce que j’ai bien mes barres de céréales ? ma gourde ? Est-ce que j’ai tout ? et je vais vérifier, sans déconner, 50 fois au moins dans la matinée.

J’ai même un truc. C’est quand je mets mon sac dans le coffre, je l’ouvre et je regarde encore une fois pour voir si j’ai vraiment vraiment pas tout oublié.

Marvin

(rires)

Oui, parce que c’est la lose quand on arrive sur place et qu’il nous manque quelque chose. Moi ça m’est arrivé, alors c’était un entraînement commun et je suis parti et puis j’avais oublié ma veste de kimono et effectivement c’est un peu la lose.

MV

Oui, c’est clair.

Marvin

Je pense qu’on a tous vécu ce genre de moment…

MV

Je touche du bois, en compétition ça ne m’est jamais arrivé.

Marvin

Ah, en compétition je te le souhaite pas, parce que c’est pas les mêmes enjeux. Surtout que le kimono c’est hyper important, pour vous, parce qu’il y a différentes formes des kimono. Des kimono plutôt courts, des kimono plus long.

MV

Le pire, non, le pire du pire c’est quand tu oublies ton passeport. Parce que le passeport, en fait, c’est ta carte d’identité, en fait. Le problème c’est si tu n’as pas ton passeport, les mecs à la pesée ils vont te regarder ils vont dire « Ah ouais, ben tu combats pas, en fait ! »

A la limite le kimono si tu l’as pas, il y a toujours un marchand de kimono dans la compétition, du coup tu peux t’en acheter un. La ceinture, il y a toujours des ceintures en vente, tu peux t’en acheter une. Même la ceinture rouge. Mais le passeport c’est le truc le plus important.

Maxime Vielfaure, kimono, pesée et plaisir

 » Si j’ai envie de manger un chocolat à 4 heures, et bien je mange un chocolat à 4 heures, et voilà. « 

Marvin

Oui c’est clair.

Et au niveau du kim du coup, tu préfères quel genre ? Parce que souvent, alors moi j’ai entendu (je ne suis pas judoka « de base »)qu’il y avait deux formes de kimono qui étaient utilisés en compétition. Soit un kimono plutôt ample qui nous permet d’être à l’aise dans nos mouvements, soit un plus court qui va peut-être bloquer un peu le mouvement mais qui va permettre de plus limiter l’amplitude des mouvements de l’adversaire.

MV

Alors généralement, pour moi tu parles ?

Marvin

Oui, pour toi, oui.

MV

Alors pour moi, en fait, j’utilise les kimono Karioka. Donc c’est une marque de kimono qui sont assez lourds, avec des revers en fait très épais, ce qui fait que c’est très compliqués à attraper, en . Donc, c’est la marque de kimono que j’utilise depuis 5 ans facilement maintenant. Et j’ai jamais changé de marque depuis.

Marvin

D’accord. OK. Karioka, les gens, si vous voulez regarder un peu plus n’hésitez pas. Apparemment c’est pas mal.

Et tu parlais de la pesée, tout à l’heure. Je voulais savoir : comment tu fais pour gérer ton poids, justement. Est-ce que tu as une alimentation, une diète que tu suis six mois à l’avance ? trois mois à l’avance ? Est-ce que tu as une morphologie …. Tu t’embêtes pas trop avec ça ?

MV

Alors j’ai de la chance. Moi je suis en catégorie des moins de 66 kg. Et j’ai de la chance d’avoir un poids, qui fait à peu près ce poids-là. Donc généralement je tourne entre 65,5 et 66,5. Grand maximum que je peux monter c’est 67 kg. Donc généralement je suis au poids et quand je ne suis pas au poids j’ai pas besoin de m’y mettre deux mois à l’avance. Généralement une semaine à l’avance, en arrêtant le grignotage, ça passe.

Marvin

OK, d’accord. Parce que tu es quelqu’un qui n’a pas forcément une hygiène alimentaire idéale. Tu parles de grignotage.

MV

Comme je l’ai dit je ne suis pas un sportif élite. Ce qui fait que je ne suis pas le gars qui va me priver si j’ai envie de manger, ben je sais pas, moi, un restau, un barbecue. Ben j’irai manger un restau, un barbecue. Si j’ai envie de…. je sais pas, moi, …parce que…voilà. Je suis d’origine suisse, du coup moi il y a le chocolat, tu vois. Si j’ai envie de manger un chocolat à 4 heures, et bien je mange un chocolat à 4 heures, et voilà.

Marvin

Après, je trouve que c’est plus sain, aussi, ce genre de pratique. Parce que quand on arrive sur ce que tu parles, donc élite et pro, on rentre dans du travail et du coup on n’est plus dans ce rapport au plaisir dont tu parles depuis le début, tu fais un retour au plaisir et c’est vrai que c’est intéressant de noter cette différence entre le professionnel et la personne qui a envie de progresser mais qui veut garder du plaisir. Et je trouve que c’est très important. Et je pense que ça fait partie de ce qui te donne la motivation, peut-être. J’ai l’impression que tu prends toujours du plaisir.

MV

Bah, j’ai toujours dit, hein, et j’ai déjà dit à mes coaches, à mes partenaires et tout, j’ai dit « Le jour où le judo je ne prends plus de plaisir à le faire : j’arrête. » Voilà.

Marvin

Ça c’est juste. Mais c’est difficile, des fois, on y va par habitude. Je pense que tu en as vu aussi dans ton dojo. Mais moi j’en ai croisé dans certains dojos : des personnes qui viennent par habitude plus que par plaisir.

 » Je me suis énervé, j’ai dit « C’est bon, je vais arrêter le judo » « 

MV

C’est ça. Il y en a beaucoup, qui viennent comme ça. C’est qu’en fait ils ont oublié que le judo ils l’avaient aimé, tu vois, qu’ils avaient aimé ce sport. Et au bout d’un moment ça ne leur plait plus, mais vu qu’ils sont en fait habitués tous les lundi-mercredi-vendredi à venir, eh bien ! ils viennent. Sauf que moi je considère que à partir du moment, en fait, où tu arrêtes de prendre du plaisir ben tu ne progresses plus. Du coup ça ne sert plus, de venir, en fait. Change ! Moi si ça fait 15 ans que je continue le judo c’est parce que ça me plait. Et pendant 15 ans ben je me suis jamais euh…. Si, alors, il y a une fois où j’ai dit que j’allais arrêter mais finalement c’était plus dans le mode de l’énervement que dans le mode vénère quoi.

Marvin.

Ouais, tu étais sur un moment de colère ou quelque chose comme ça ?

MV

Ben en fait c’était après ma cinquième blessure aux épaules. J’ai dit « Putain ça va continuer longtemps, ça, comme ça ? » Je me suis énervé, j’ai dit « C’est bon, je vais arrêter le judo », et au final j’ai pas arrêté.

Marvin

Ouais, bon, voilà. Après c’est pas, c’est pas quelque chose que tu as pensée sincèrement. Voilà, c’est de la frustration sur le moment.

Maxime Vielfaure : les questions personnelles

Marvin

On peut peut-être passer sur des questions un peu plus perso ?

Quel est ton meilleur souvenir dans ta pratique ? Sur les tatamis quel est ton meilleur souvenir ?

MV

Mon meilleur souvenir dans la pratique c’était…. alors j’ai eu de la chance…. c’était la remise de ma ceinture noire. C’est tombé pile au bon moment, en fait, parce que c’était le jour de la fête du club. Chaque année, en fait, le club on fait une fête, pour remettre les nouveaux grades aux petits, et tout. Et généralement les ceintures noires on les remet, on va dire 2-3 jours après qu’ils les ont eues. En fait j’ai eu de la chance j’ai obtenu la validation de la ceinture noire une semaine avant la fête du club. Du coup, le bureau et tout ils m’ont dit « Ben écoute, pour que ce soit beau on va te le donner le jour de la fête. » Moi j’ai dit « Ok, il n’y a pas de problème, j’ai attendu 15 ans pour l’avoir, cette ceinture, je vais attendre encore un peu plus. » Et j’ai eu de la chance parce que c’était les 30 ans, de mon club, et ils avaient invité des légendes, en fait. Ils avaient invité André Garcia, qui était champion de France minime à l’époque, ils ont invité Patrick Vignal qui actuellement c’est un gars qui lutte pas mal pour le MMA en France et ils ont invité un gars qui avait fait le Tournoi de Paris, pour ceux qui connaissent c’est un très grand tournoi international, et c’est un sixième dan et c’est lui qui m’a remis, en fait, ma ceinture noire. Du coup l’image a été belle et c’est un beau souvenir.

Marvin

D’accord. Ça c’est quelque chose de touchant et je trouve ça intéressant. Tu vois, on parle de la compétition etc. et le côté humain qui existe à côté c’est finalement ce qui t’as le plus marqué.

MV

Ben ouais !

Ben en fait même en compétition les gars, les gens qui te disent « ouais la compétition c’est des mecs et tout qui combattent tout le temps, en tout », ben en fait faut savoir un truc c’est que les compétiteurs on est tous potes. Du coup dès qu’on sort du tapis, en réalité on déconne ensemble, tu vois.

Marvin.

Bien sûr. C’est quelque chose de très humain, en fait, au final c’est pas « combattre pour combattre ». On essaie de s’améliorer, mais on n’est pas là pour écraser l’autre.

MV

C’est exactement ça.

 » J’étais en pleurs « 

Marvin

C’est vrai que ça crée des liens très très forts.

Bon alors je pense savoir c’est lequel maintenant qu’on a discuté, mais quel est ton pire souvenir sur les tatamis ?

MV

Mon pire souvenir sur les tatamis, attends que je réfléchisse parce que j’en ai pas mal quand même des souvenirs à la con, quand même, hein ! Mais ça doit être, ouais, ouais, c’est la cinquième blessure que j’ai eue aux épaules, ouais.

Ouais. Parce que je revenais en fait d’une saison un peu merdique, je m’étais blessé aux épaules à la même compétition il y a 1 an, du coup ben j’étais KO. Je suis arrivé, j’avais fait une saison merdique. J’ai eu de la chance, je sais même pas comment j’ai fait sans quasiment aucun préparation -je crois que j’ai dû faire 2 mois de judo dans cette saison tellement j’étais blessé- j’ai eu de la chance je me suis qualifié au France 2D Cadet, pour ceux qui connaissent, à l’époque ça s’appelait pas comme ça, maintenant ça s’appelle les Championnats de France 2D. A l’époque ça s’appelait la Coupe de France Cadet. Donc je me qualifie pour la Coupe de France, j’arrive, et je me fais défoncer l’épaule au deuxième combat. Au deuxième combat je me fais défoncer l’épaule. Mon acromio-claviculaire déglingué ! J’étais en pleurs. Je me suis dit « Mais c’est pas possible, il n’y a qu’à moi que ça arrive ». Et j’étais vraiment mal ce jour-là. Mais vraiment mal. C’est le pire souvenir je crois que j’ai eu pendant toute ma carrière.

Marvin

J’espère que tu n’en auras pas de pire, ni de cette ampleur là.

MV

Je touche du bois, ça fait 3 ans que ça ne m’est plus arrivé.

Marvin

Quel est ton exercice préféré, que ce soit en préparation physique ou en préparation mentale ?

MV

En préparation physique ou en préparation mentale ?

Marvin

Oui. L’exercice que tu aimes faire, qui te fait du bien vraiment.

MV

En préparation mentale j’aime bien la visualisation. C’est pas mal, ça. Ça c’est un truc que j’ai pas mal pris. Ouais, j’aime bien ça. Ça me déstresse pas mal avant une compétition, ou un truc comme ça. Et en préparation physique… euh…. pfff, franchement je ne sais pas. J’ai pas de préférence, en fait, j’aime bien la prépa physique. Du coup, quand j’en fais je suis bien. Mais j’ai pas de préférence.

Marvin

Tu préfères alors à la limite, une séance, alors, entre une séance cardio, une séance renforcement pur, tu as une préférence ? Même pas ? Tu aimes bien varier ?

MV

Alors je peux te dire le pire que je connaisse en prépa physique, mais le meilleur non.

Marvin

Alors le pire, alors, allons-y en prépa physique ?

MV

Le pire en prépa physique: j’ai horreur de courir, mon pote ! J’ai horreur de courir ! J’aime pas courir pour courir, en fait. Pour moi c’est débile, en fait. Alors j’adore courir quand on fait un rugby, ça je kiffe, ah je cours dans tous les sens, il n’y a aucun problème, par contre courir pour courir : ah j’aime pas !

Marvin

J’étais exactement pareil et j’ai appris à courir et à apprécier de courir en faisant du fractionné, parce que j’avais un objectif entre chaque course, en fait. Essayer de faire un peu plus de distance. Parce que j’étais exactement dans la même ambiance, j’aime pas courir effectivement.

Et en préparation mentale il y a un exercice que tu détestes faire ? Ou que tu ne trouves pas du tout productif pour toi ?

MV (

Alors il y a un exercice, pas que je déteste faire, mais que j’oublie tout le temps, en fait, et des fois ça me fait chier parce que le matin je l’oublie, c’est quand je me lève, en fait, euh…j’ai pris pour habitude, en fait, d’écrire des mots encourageants.

Des mots encourageants ou des objectifs. Et des fois, quand je me lève, ben je l’oublie, ça. Ça m’est déjà arrivé et des fois ça m’a énervé.

Marvin

D’accord. Donc, en fait, du coup, c’est plus l’oubli de faire l’exercice qui t’énerve.

MV

Ouais

Marvin

Parce que du coup ça t’aide pas mal dans la journée, ou…..

MV

Parce que je suis en cours, là, des fois…. je me rappelle, ça m’est déjà arrivé. J’étais en cours en amphithéâtre et il y avait un collègue à côté de moi et je fais « Putain ! » Et mon collègue il se retourne et il fait « Qu’est-ce que tu as ? » . « et moi je fais : « Putain, j’ai oublié d’écrire le mot, là ! »

Marvin

(rires)

C’est marrant. Parce que du coup ça montre à quel point ça peut te toucher dans ta journée le simple fait d’écrire des mots le matin. Ça t’impacte plus tard dans ta journée.

Si tu avais UN conseil à donner à un débutant ? Là il y a quelqu’un qui vient, et il a commencé au début de la saison, et là tu as UN conseil à lui donner, tu lui donnerais quoi ?

MV

Un conseil à donner à un débutant ? Euh…. franchement…. euh… je lui dirais : « Mec, tu vois, ça ? Eclate-toi ! Voilà. Amuse-toi, mon pote. » C’est tout.

Marvin

Ouais. Toujours le plaisir, c’est vrai, ça.

MV

Ah oui, c’est ça. A un débutant je vais pas commencer par lui dire :  » Ouais, bon, alors écoute, là on a des championnats de France à préparer, alors il va falloir que tu fasses ça, ça, ça. Ecoute pour tes grades il va falloir que tu fasses ça, ça, ça. » Non ! Un débutant il arrive il ne sait même pas ce que c’est. Ben écoute mon pote : « Eclate-toi ! »

Marvin

Oui, c’est ça. Je suis assez d’accord.

Et est-ce que tu as un pratiquant que tu as croisé et qui t’as particulièrement marqué ?

MV

Alors il y a….. En compétition ? ou en général ?

 » Il bouscule ma main et il a failli péter mon téléphone « 

Marvin

Peu importe. Un pratiquant, vraiment, que t’as eu la chance de croiser et tu te dis « Wow, j’ai eu la chance de croiser cette personne-là ».

MV

Alors exactement, il y a….. trois pratiquants qui m’ont vraiment vraiment vraiment marqué dans ma vie, tu vois ? Et bien déjà il y a mon coach, voilà, il y a mon coach, hein, voilà, c’est pour ceux qui connaissent il s’appelle Adrien Spiteri. Donc c’est lui, en gros, qui a repris la relève de mon premier coach et qui m’a vraiment forgé de ado jusqu’à ce que je suis aujourd’hui, tu vois. Donc lui c’est la première personne qui m’a vraiment marqué. La deuxième ben c’est mon premier coach, qui s’appelle Gérard Spiteri . C’est le président du Judo Club de Lunel qui m’a créé, c’est lui, qui a forgé la base, en fait, de ce que je suis. Ce qu’a repris, Adrien par la suite.

Et la troisième personne qui m’a vrrrraiment marqué, alors ça l’histoire elle est drôle. C’est Loïc Pietri, qui a été champion du monde en 2013. Alors l’histoire en est drôle, en fait, parce que ben en 2014 il y a eu les championnats d’Europe à Montpellier et j’étais allé voi. Et Loïc Pietri était champion du monde actuellement, enfin…. était champion du monde à l’époque, et je le croise par hasard dans les couloirs. Mais par hasard ! Du coup j’y vais, je commence à lui parler, je lui demande une photo. On prend une photo, et le gars, en fait, était pressé parce qu’il devrait prendre son bus avec l’équipe de France pour rentrer à l’hôtel, et du coup il me dit au revoir, et en fait en me disant au revoir, malheureusement il bouscule ma main et il a failli péter mon téléphone.

Marvin

(Rires)

MV

Il a failli péter mon téléphone. Du coup il s’est retourné et il était trop mal à l’aise et moi j’étais trop content : j’avais la photo de Loïc Petri. Je fais « Non, non ! t’inquiète, t’inquiète, t’inquiète, vas-y vas-y vas-y.  » Ça c’est un souvenir drôle et c’est un truc qui m’a marqué, ça. »

Marvin

Ouais, c’est très humain, encore une fois. Il a été champion du monde et c’est vrai que bon….. ben il y en a toujours, hein, qui prendront le melon, mais en règle générale, dans les Arts Martiaux je trouve que la majorité reste assez humble, finalement. Malgré les titres et les concours.

MV

Il y en a beaucoup, ouais, il y en a beaucoup qui restent humbles. Il y en a UN, d’ailleurs, qui m’a vraiment marqué pour son humilité, c’était incroyable. L’histoire elle est géniale, c’était Lasha Shavdatuashvili. Pour ceux qui connaissent c’était le champion olympique 2012, c’est un géorgien, je crois que j’ai jamais vu un gars aussi sympa de ma vie. Le gars, bon moi j’ai pas pu trop l’approcher. J’ai pu lui serrer la main et tout, mais ce qui m’a impressionné c’est que le gars en fait il est géorgien, il parle pas trop anglais, mais il jouait avec les enfants. Les enfants le connaissaient pas trop, ils voyaient qu’il avait en fait la veste, la veste géorgienne, du coup ils savaient une star du judo, du coup ils allaient vers lui. Ils ne savaient pas qui c’était, mais ils allaient vers lui parce qu’ils savaient que c’était un judoka. C’était aux championnats d’Europe, toujours, et lui ben il s’amusait à jouer avec les enfants, tu vois. Et ça j’ai trouvé ça génial de la part d’un judoka.

Marvin

C’est vrai que c’est une belle histoire, encore une fois, parce que c’est quelqu’un qui n’a pas fait ça forcément pour les caméras ou quoi que ce soit, mais juste parce que ça lui faisait plaisir.

MV

Il n’y avait personne, hein, c’était comme ça, c’était à la sortie, en fait, des athlètes, hein.

Marvin

Oui. Donc… c’est vrai que voilà c’est une belle histoire.

Eh bien dis donc ! ça en fait des choses à raconter, tout ça.

Eh bien écoute, euh… ah si ! j’ai une dernière question pour toi. Quelle question tu aurais aimé que je te pose.

MV

C’est quand qu’on mange ?

Marvin

(rires)

Ah ben, bientôt ! bientôt ! Un petit barbecue, du coup ?

MV

Ah il n’y a pas de problème, moi il n’y a pas de problème.

Marvin

Un barbecue avec du chocolat, si j’ai bien compris.

MV

Toujours de la saucisse.

Marvin

Toujours de la saucisse. (rires)

Eh bien Maxime je te remercie. Alors avant de couper cette communication, avant de couper cette interview, plutôt, je voulais te remercier, parce que bon, alors, ceux qui ne le savent pas encore, il nous permet de l‘accompagner sur la préparation mentale et on travaille avec lui pour ses deux grands combats qui approchent, le 23 et le 26 juin. Donc je te laisse présenter les deux combats qu’on va faire. Que tu vas faire.

MV

Donc le 23 juin j’ai les championnats de France de judo 3D Seniors. Donc la catégorie d’âge qui est juste au-dessus de la mienne. Et du coup ben je vais là avec mon club mais j’ai demandé à Marvin de m’épauler, en fait, sur tout ce qui est de la préparation mentale. D’ailleurs c’est lui qui m’épaule depuis janvier.

Et le deuxième combat, le deuxième gros évènement c’est le 26 juin, c’est le HBI en fait, qui est un gros « event » de tout ce qui est combat au sol, qui est tenu par SébastienTchad qui est une référence dans le grappling français. Du coup allez voir, c’est le HBI. Je ne sais pas quel HBI exactement ça sera, mais j’y serai le 26 juin à l’Institut National du Judo.

Marvin

Super. Et qui c’est que tu affrontes ?

MV

A la base je devais affronter Frédéric Rabert qui est un très très grand combattant de ju-jitsu brésilien. Malheureusement la date a décalé, à la base c’était le 23 juin donc en même temps que les France, maintenant c’est le 26 juin donc heureusement, mais la date a décalé du coup Sébastien m’a dit que ça serait peut-être pas lui.

Et qu’il m’a dit qu’il allait voir soit pour les disponibilités de Fred soit un autre combattant. Donc pour l’instant je suis en attente.

Marvin

Eh bien voilà ! Donc comme vous pouvez voir c’est quand même quelqu’un il est resté très humble. Moi je remarque que tout le long de l’interview, vous aurez remarqué, il reste très humble. Il va quand même affronté Frédéric Rabbet par exemple, on lui a quand même proposé un combat contre un ancien champion d’Europe de JJB. Donc c’est pas non plus rien du tout, hein, et voilà je pense que c’est l’état d’esprit qui fait que je me suis rapproché de ce judoka en particulier c’est quelqu’un qui se prend pas la tête et qui communique tout avec plaisir. Donc si vous avez des questions, si vous voulez le supporter il a une page Instagram.

Tu as un Instagram, toi ?

MV

Ouais, c’est mon nom et mon prénom Maxime Vielfaure.

Marvin

Maxime Vielfaure. Donc on vous mettra tout ça dans la description si vous voulez le supporter et puis suivre sur ses combats.

Voilà. Merci beaucoup Maxime encore pour cette interview. Je te dis à très bientôt ?

MV

Il n’y a pas de quoi !

Marvin

A plus

MV

Allez, à plus.

Marvin

Merci à vous d’avoir suivi cette interview, j’espère qu’elle vous a plu. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez dans les commentaires et si vous en voulez d’autres. Vous pouvez également la partager et n’oubliez pas de vous abonner pour ne pas louper la prochaine interview.

 

 

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A très vite !

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