Vous vous êtes peut-être déjà demandé à quoi cela pouvait vous servir d’écouter des interviews de maîtres d’Arts Martiaux. Comme nous, vous trouvez très certainement leurs récits passionnants, mais comment cela peut-il vous permettre d’améliorer votre propre pratique ?
Nous parlons ici d’interviews de pratiquants anciens et de recherches historiques visant à comprendre l’évolution des disciplines martiales.
Cet article s’adresse autant aux débutants qu’aux personnes avancées. Nous allons vous donner des astuces qui pourront vous aider à vous nourrir de ces expériences. Si vous êtes enseignant et que vous trouvez cet article pertinent, n’hésitez surtout pas à le partager avec vos élèves.
Avant de débuter, nous vous rappelons que vous pouvez télécharger 3 e-books gratuitement, avec 15 experts d’Arts Martiaux qui vous donnent leurs conseils pour progresser.
Les interviews de maîtres d’Arts Martiaux : accélérateurs d’apprentissage
Les entrevues et les livres de maîtres d’Arts Martiaux sont un bon moyen de progresser. Cela vous permet d’évoluer sur de nombreux points et de mettre du relief dans votre pratique, de lui donner plus de profondeur et une étendue bien plus vaste.
Nous allons voir des exemples de ce que ces témoignages peuvent vous apporter.
Comprendre sa pratique grâce à celle des maîtres d’Arts Martiaux
Pour bien comprendre un élément théorique ou abstrait, quel qu’il soit, il est nécessaire de la remettre en question. C’est d’ailleurs là le point de départ de Descartes dans les Méditations Métaphysiques, d’où naîtra le cogito (“je pense donc je suis”).
Pour ce qui est du rapport que vous entretenez à votre pratique, si vous ne le remettez pas en question, vous risquez de vous enfermer dans une sorte de dogme rigide et stérile. Pour déranger ce dogme, vous avez de nombreuses solutions. L’une d’entre elles est l’écoute de récits de maîtres.
Si les époques diffèrent, si les techniques ont évolué, il est toujours pertinent d’essayer de vous positionner par rapport à des pratiques qui ne sont pas la vôtre. Cela vous permet d’être au clair avec vous-mêmes, même si cela peut être très déroutant dans un premier temps.
Le terme utilisé ici est Kogi, “conférence”, “cours magistral”, un des quatre piliers de la méthode mise en place par Kano avec Kata (exercice contraint) et randori (exercice libre) d’un côté, et mondo (question-réponses ou disputation) et kogi de l’autre. Non prévu sur une base régulière , mais selon le besoin ou le ressenti du professeur , s’il est aujourd’hui tombé en désuétude, il était vu comme essentiel par le fondateur de la discipline : “le Kogi, en tant qu’une des méthodes pour enseigner le judo, ne doit pas faire défaut”
(Cours à propos du Kodokan judo (IV), Jigoro Kano, publié dans Kokushi en mars 1899”
Éviter les erreurs
Les erreurs sont des accidents inévitable de l’apprentissage. C’est même une marque positive de votre progrès si vous savez l’aborder avec un certain angle.
Cependant, on peut parfois tirer profit des erreurs des autres pour accélérer sa propre progression. Êtes-vous obligé de rester plusieurs heures dans le froid glacial pour croire que cela peut vous faire perdre vos extrémités ? Je ne le pense pas, et je préfère croire que les retours d’expériences de certains nous évitent ces erreurs, nous permettant d’accéder immédiatement au savoir.
Bien entendu, les Arts Martiaux sont un apprentissage corporel, quelque chose qui ne peut être appréhendé de façon théorique. Cependant, cet apprentissage dépend lui-même de votre état d’esprit et de votre façon de voir votre entraînement.
Il n’est pas rare de voir deux personnes débuter la même pratique, et que l’un des deux soit plus à l’aise physiquement, pourtant, au bout d’un temps de pratique, celui qui était moins à l’aise dépasse l’autre, car s’ils ont suivi les mêmes cours ils ne les ont pas vécus de la même manière.
Cela peut notamment s’expliquer par le fait que ceux qui ont des facilités ont tendance à moins s’impliquer, mais ce n’est en aucun cas une vérité générale.
Ainsi, les témoignages de maîtres d’Arts Martiaux peuvent éviter certains écueils comme la croyance que l’on a atteint un sommet, ou le fait que notre vision soit la seule et unique valable. Cela permet parfois d’éviter de nous perdre dans une recherche inutile.
D’un autre côté, cela permet aussi de comprendre comment un expert est arrivé à une pratique, et, si elle ne nous convient pas (car tout ne peut pas nous convenir, il faut que chacun trouve chaussure à son pied) éviter de prendre le même chemin, tout en gardant du respect pour lui.
Car il n’est pas rare de voir ou entendre des pratiquants voulant se démarquer de telle ou telle pratique. Mais, pour y arriver, ils doivent comprendre le chemin pratiqué par les autres et trouver un chemin qui leur correspond plus. Sinon, ils risquent de suivre le même chemin sans même s’en rendre compte.
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent »
La citation est attribuée à Albert Einstein
Vous libérer
Dans la tradition japonaise on parle régulièrement du Shu – Ha – Ri. La liberté est quelque chose d’extrêmement complexe à obtenir.
“La véritable liberté ne se manifeste que lorsque l’on est en paix avec notre passé, et que l’on n’agit plus en réaction à, mais en accord avec soi-même.”
Léo Tamaki, “Trois conseils pour améliorer votre pratique, par 15 experts” ebook gratuit et téléchargeable ici.
Pour être en paix avec son passé, il faut le comprendre et l’accepter. Ce n’est qu’alors que vous pourrez arriver à dépasser le passé et à devenir libre dans votre pratique.
Pour cela, il faut bien entendu pratiquer énormément, mais l’étude de l’histoire des pratiquants est également un vecteur d’apprentissage important. Les interviews des maîtres d’Arts Martiaux deviennent alors un outil important vous permettant d’acquérir la liberté, tout en restant respectueux de ceux qui vous ont permis de devenir celui que vous êtes.
Maintenant, voyons comment agir pour vous placer face à un récit pour progresser.
Comment se nourrir d’une interview
Lorsque vous réfléchissez à ce que vous avez appris lors d’un témoignage de maîtres d’Arts Martiaux, essayez de ne pas rester trop passif. C’est un bon moment pour confronter vos idées à ce que vous avez découvert.
Vous pouvez également essayer de comprendre l’évolution de la discipline, et voir si cela vous aurait plu quelques décennies en amont. C’est un excellent moyen de nourrir votre esprit critique envers votre pratique.
Shoshin
Le shoshin, ou l’esprit du débutant est nécessaire lorsque entrez dans la mémoire des maîtres d’Arts Martiaux. Si vous arrivez avec énormément de préjugés et d’avis arrêtés, vous ne retirerez pas grand-chose de votre temps.
Il vaut mieux écouter comme si c’était la première fois que vous entendiez de tels propos, afin de vous en imprégner un maximum. Pour arriver à cet état d’esprit, nous vous conseillons de commencer d’abord cet exercice avec des personnes dont vous vous sentez proche, puis, petit à petit, écouter des personnes dont vous vous sentez plus éloignées, voire même auxquelles vous êtes opposées.
Bien entendu, le but n’est pas de vous faire changer totalement de vision, mais seulement, le temps de l’écoute, d’essayez d’être le plus neutre possible, sans émettre d’opinion, et de laisser à l’autre le temps de développer ses arguments. De cette façon, vous pourrez alors comprendre des points de vue qui vous semblaient inappropriées ou étranges, et vous pourrez remettre en question votre propre pratique par rapport à celle-ci.
Changer d’angle d’observation
Si les histoires de certains maîtres d’Arts Martiaux vous touchent tout particulièrement, n’hésitez surtout pas à faire varier les sources de votre documentation.
Les livres ou les interviews ont toujours un parti pris, cela est nécessaire si l’on souhaite donner la possibilité à l’expert de s’exprimer au mieux. Cela peut être plus marqué chez certains que chez d’autres. Par exemple, le livre Ueshiba l’Invincible, de John Steeven, est connu pour sa vision idéalisée du maître fondateur de l’Aïkido. Mais cela est intéressant pour comprendre de nombreuses choses, notamment le pouvoir de fascination créé par cet expert.
N’hésitez pas à croiser vos sources, il existe d’excellents blogs et chaînes d’interviews.
Pour cela vous pouvez changer d’auteurs / traducteurs, afin d’obtenir un axe de vue qui change. Il est également intéressant de changer de contexte, de période étudiée, afin d’avoir un angle d’observation qui est plus large. Il peut être pertinent d’essayer d’avoir des angles d’analyses plus larges et afin de vous donner une réfexion plus pertinente.
Noter
Ne pensez pas que votre mémoire est infaillible. Il arrive à tout le monde d’oublier. C’est pour cela que la prise de note est nécessaire.
C’est d’ailleurs une excellente habitude à prendre en règle générale ! Sinon, il peut vous arriver de ne plus retrouver ce que vous cherchez lorsque vous en avez besoin. Après, ça donne des recettes étranges proposées par José.. 😜
Par exemple, pour le travail de recherche constant que l’on fait sur Corps et Esprit Martial, nous avons déjà noté plus de 60 pages de citations de maîtres d’Arts Martiaux, et beaucoup plus sur les recherches théoriques et apprentissages.
La prise de note vous permet de mettre une distance émotionnelle avec votre recherche, vous donnant ainsi la possibilité de vous positionner de façon plus réfléchie face à ce que vous avez pu écouter.
N’hésitez pas à classer vos notes (c’est beaucoup plus facile avec l’outil informatique permettant de déplacer et organiser les rubriques) et à les relire de temps à temps. Car, après un certain temps votre compréhension d’un élément changera peut-être. Et surtout, pensez à les relire de temps en temps lorsque vous réfléchissez sur le thème en question !
Quelles interviews
Jean-Charles Juster
Nous avons mené sur notre chaîne 2 interviews avec Jean-Charles Juster qui est chercheur universitaire de l’histoire d’Okinawa, en plus d’être un pratiquant de Karaté.
Il est écrivain de plusieurs livres sur ces thèmes qui sont passionnants.
Notre première interview traite surtout d’Okinawa et des mythes qui l’entourent. Démystifier le berceau du Karaté est un excellent moyen pour comprendre cette discipline.
La seconde parle de l’évolution des pratiques du Karaté et du Kobudo d’Okinawa. On y parle également des outils traditionnels de la préparation physique.
Kacem Zoughari
Kacem Zoughari est un passionné d’Histoire et d’Arts Martiaux. C’est ainsi qu’il est devenu enseignant chercheur spécialisé dans les Budo (Arts Martiaux japonais).
Nous avons eu la chance de réaliser 7 interviews avec lui, chacune sur un thème spécifique.
Fortement lié à cet article, en voici la liste de ses interviews :
- comment trouver son maître
- la préparation physique dans les Arts Martiaux classiques
- la préparation mentale dans les Arts Martiaux classiques
- L’utilisation des armes
- Ancrage et relâchement
- L’évolution d’une discipline
- La transmission
Alaric
Passionné des Arts Martiaux historiques français, Alaric tient la chaîne “Les Arts Martiaux Français”, où il vous lit les sources primaires et essaie de les décrypter. Il y propose également ses réflexions.
Dans l’interview que nous avons mené avec lui, nous avons abordé de nombreuses questions, comme la préparation physique, mais aussi le fait de pratiquer plusieurs disciplines.
Des interviews ailleurs
Nous sommes loin d’être les seuls à réaliser des interviews. D’autres passionnés, parfois des experts proposent des interviews, sur leurs blogs ou chaînes YouTube. Nous ne pouvons que vous inviter à fouiller et proposer vos canaux préférés.
Parmi lesquels :
- le Blog de Léo Tamaki
- Le Blog et la chaîne YouTube de Lionel Froidure (vous avez 15% de réduction sur sa boutique imagin’arts avec le code “corpsetespritmartial”)
- Le magazine Yashima (abonnez-vous ici)
- La chaîne entretien avec un guerrier
On espère que cet article vous a plu, et que vous êtes motivés pour suivre de nombreuses interviews.
À très vite !
Cet article est corrigé par Henri-Pierre Juguet. Nous le remercions pour son travail de qualité. Si vous aussi vous souhaitez un bon relecteur/correcteur, voici son adresse mail : hpj.correction.redaction@gmail.com