Nous participons à un carnaval d’articles (plusieurs blogueurs se regroupent sur un thème pour écrire des articles) proposé par le blog d’Olivier Roland Des livres pour changer de vie. Si vous voulez découvrir d’autres articles de cet événement, vous pouvez le faire en suivant ce lien ! N’oubliez pas de vous abonner à notre page Facebook, Instagram ou Twitter si vous voulez vous tenir au courant des diverses mises à jour d’articles ou événements auxquels nous participons. 😉
Le thème est “les 3 livres qui ont changé votre vie”. J’ai juste ajouté un angle de vision pour que le thème colle au blog : les 3 livres qui ont changé ma vie de combattant. Pour cet article c’est donc mon propre ressenti (Marvin) dont il sera question. Bien sûr je vais vous le justifier à chaque fois. Mais avant ça je vous conseille d’aller jeter un œil à l’article d’Olivier Roland sur le livre Comment se faire des amis, qui peut servir à tous ceux qui ont envie d’avoir des relations plus positives.
J’ai choisi de les mettre dans l’ordre suivant : esprit, technique et corps (shin – gi – tai). Tout simplement parce que c’est un concept important des arts martiaux, et qu’il est au coeur de ma pratique.
Takuan Soho, la sagesse immobile, l’esprit du combattant
Mais qui est cet homme ?
Le premier livre est très court, mais cela n’enlève rien à son importance. Il s’agit du Mystère de la sagesse immobile du moine Takuan Soho.
C’est un moine du bouddhisme zen qui a vécu de 1573 à 1645. Mais bien au-delà du Zen, il aura eu l’intelligence d’unir sa pratique religieuse à d’autres arts et notamment les arts martiaux. Aujourd’hui encore son influence se fait ressentir sur la pratique des combattants, que ce soit dans les arts japonais, chinois ou occidentaux. C’est un peu comme Sun tzu et son livre L’art de la guerre, il a su traverser les époques et rester une référence.
Ce moine a notamment participé à la formation de Yagyu Munenori, qui a lui-même été le formateur des fils du Shogun Tokugawa. Et il aura aussi un lien avec Miyamoto Musashi, qui fut considéré comme l’un des plus grands escrimeurs, si ce n’est le plus grand.
Le livre
Rentrons dans le vif du sujet, de quoi ça parle ?
Ce livre parle d’une chose qui est nécessaire dans les arts martiaux et qui est aussi l’objectif en zen : la non-pensée, le Mushin. Mais il en parle simplement, ce n’est pas verbeux, et cela n’est pas vu comme un idéal inatteignable. C’est juste l’objectif et il faut réussir.
D’ailleurs, comme il l’explique bien, il faut d’autant plus réussir que si l’on échoue on risque la mort. Ce livre utilise beaucoup d’exemples, et si l’on n’y prend pas garde on pourrait croire que c’est finalement tout. Mais si vous y prêtez attention, vous verrez qu’il s’agit d’une véritable démonstration sur la façon dont fonctionne l’esprit dans l’action.
On a qu’une pensée en tête lorsqu’on termine cette lecture : ne pas penser. Mais comme il le dit très bien :
“Si vous pensez A ne pas penser, C’est déjà penser à une chose. Ne pas penser Même à ne pas penser.” 1
Des conseils pratiques
Une autre chose que j’apprécie beaucoup, c’est qu’il donne des conseils pour réussir à atteindre cette non-pensée en combat.
Ce moine est impressionnant dans la façon dont il parle de l’escrime, on a vraiment l’impression d’avoir un combattant qui nous parle de ses récits. Ses livres ont influencé de nombreux autres penseurs, qu’ils soient du zen (Deishamaru par exemple) ou des arts martiaux (Ueshiba par exemple).
Mais surtout, ce qu’il explique dans ses livres est toujours au coeur de ce que l’on cherche à atteindre, le fait qu’il n’y ai pas de temps de réflexion entre le stimuli visuel et la réaction adaptée. Et c’est aussi le cas que l’on soit pratiquant de mma, de boxe ou de muay thai. Il touche du bout des doigts un des principes qui font que les combattants font tous parti d’une même et grande famille.
En quoi cela m’a-t-il changé ?
Tout d’abord, je rappelle que j’enseigne le ju-jutsu mushinryu, donc le concept du mushin est au cœur de mon art martial. Les images qu’il utilise m’ont permis de mieux concevoir le mushin, de mieux l’appréhender et plus tard de mieux l’expliquer. Mais cela ne s’arrête pas simplement à ça.
J’ai moi-même essayé les divers conseils qu’il donne et j’ai vu une amélioration. Mais comme il le dit dans son livre, il n’y a pas de secret l’entraînement est la clé. En tant que combattant, j’ai réussi à avoir plus de recul durant mes combats, à moins être oppressé. Ce livre m’a aidé à prendre de la distance avec ma pratique. Pour mieux y revenir, il faut accepter de s’éloigner. Enfin ce livre m’a rappelé que l’on pouvait apprendre de tout et de toutes situations. L’entraînement est là où on veut le voir ! Le fait de faire un tennis peut-être un entraînement pour un combattant.
Enfin cela m’a aidé dans ma pratique du mokuso. Mais si vous voulez en savoir plus je vous conseille de lire cet article.
Miyamoto Musashi, Gorin no Sho, la technique du combattant
Comme je le disais dans la présentation du livre précédent, Miyamoto Musashi était considéré comme l’un des plus grands escrimeurs de son temps. Et par certain comme le plus grand escrimeur tout court. Mais qui était-il ?
Shinmen Takezo ou Miyamoto Musashi
Vu l’époque où évolue Miyamoto Musashi il est difficile d’avoir des informations précises sur sa vie. Mais il aurait eu une enfance assez difficile auprès de son père ou beau-père. Ce dont nous sommes certains c’est qu’il gagne son premier combat à mort à l’âge 13 ans. Il fait partie du camp des perdants durant la guerre qui ravage le Japon et est laissé pour mort lors de la bataille de Sekigahara.
Miyamoto Musashi passe la première partie (jusqu’à ses 29 ans) de sa vie à se battre, notamment en duel. Il gagnera une soixantaine de duels, la majorité avec un bokken (sabre en bois) alors que ses adversaires possèdent de vrais sabres. Son dernier combat reste l’un des plus célèbres. Il gagne grâce à une rame d’une barque qu’il a taillé en forme de bokken. Il passera le reste de sa vie sans livrer vraiment de duel, mais dans le perfectionnement de son art, le niten ichi ryu. C’est une école qui combat avec deux sabres, un court (wakizashi) et un long (katana). Ce style existe d’ailleurs encore aujourd’hui et est parfois même pratiqué en compétition de kendo.
Miyamoto Musashi est maintenant un symbole du Japon. Son bokken préféré (qui existe toujours) est reconnu Trésor National, tout comme le livre fictif, La pierre et le sabre d’Eiji Yoshikawa qui raconte sa vie.
J’aurais pu parler ici du Dokkodo, qui est son dernier ouvrage écrit peu avant sa mort. C’est une suite de principes que doivent suivre les pratiquants d’arts martiaux afin de se dépasser. Mais j’ai choisi le Traité des cinq roues, ou Gorin no Sho, qui est plutôt un livre sur la technique et la tactique (même si l’état d’esprit est aussi important).
Gohon no sho, le traité des cinq roues
Ce livre se divise en 5 parties, terre, eau, feu, air et vide. Chacune de ses parties a un rapport avec un aspect spécifique du combat. Il est fort intéressant à lire car la majorité de ce qui y est dit est encore valable aujourd’hui. De plus, il ne l’aborde pas de façon solennelle, il est très pragmatique. Il nous explique pourquoi se positionner de telle façon, comment déstabiliser l’adversaire, etc….
Faire un résumé ici serait inutile et fastidieux à lire, si cela vous intéresse je pourrai vous faire un résumé partie par partie, n’hésitez pas à me le demander en commentaire. Lorsque j’ai découvert ce livre je commençais juste les arts martiaux en club. J’ai pris conscience de plusieurs choses grâce à lui.
En quoi cela m’a-t-il changé ?
Les arts martiaux, qu’ils soient à mains nues, ou au contraire avec des armes, ont un seul et même but, tuer l’adversaire. Lorsqu’on apprend un mouvement, il a pour but de causer une blessure suffisamment importante pour mettre l’adversaire hors d’état de nuire.
Même si mon sensei me l’a toujours dit, je n’en avais pas pris conscience de cette façon avant la lecture de ce livre. Peut-être est-ce dû à la simplicité avec laquelle Miyamoto Musashi raconte cela.
J’ai compris la différence entre sport de combat et art martial. L’un est un jeu, il y a des règles et le but est de battre un adversaire. L’autre est un univers sans règles, où le seul but est de s’en sortir vivant. Dit comme cela, ça semble être un rien du tout, mais en fait ça fait une énorme différence. Dans les arts martiaux on utilise toutes les techniques possibles, comme se situer dos au soleil, empêcher ses adversaires de penser clairement.
Et tout ça fait partie de la tactique de Miyamoto Musashi. D’ailleurs, je pense faire un article dédié à cette différence qui est un peu plus profonde et surtout moins facilement repérable que ça.
Ce livre m’a permis de me sentir plus à l’aise dans ma pratique, plus confiant, car il s’adresse à nous de façon très pédagogue. On comprend assez bien ce que l’auteur veut dire (à condition de pratiquer un peu les arts martiaux).
Le fait de comprendre ce qu’il explique et surtout d’essayer de l’appliquer est quelque chose qui m’a fait grandir. D’ailleurs, aujourd’hui encore j’essaie d’appliquer ses préceptes (sans grande réussite à mon grand malheur). Enfin, son humilité et son intransigeance lui rendent honneur.
C’est un peu une sorte d’idéal. Il n’a plus rien à prouver martialement, mais aussi pédagogiquement. C’est à la fois un penseur, un combattant et un enseignant. Pour moi qui suis professeur en lycée, qui ai mené des études de philosophie et qui suis passionné d’arts martiaux, il est inspirant. D’ailleurs il m’a permis de rester motivé lorsque j’avais envi de baisser les bras. Et aujourd’hui c’est un peu grâce à lui si les arts martiaux m’ont permis d’être heureux.
La méthode Lafay, d’Olivier Lafay, le combattant et son corps
Olivier Lafay est un philosophe et un sportif qui se passionne pour la musculation. Il crée une méthode qui s’appuie sur le poids de corps.
En quoi cette méthode entraîne-t-elle un combattant ?
Avant de lire ce livre, à l’âge de 17 ans, je ne voyais pas l’intérêt de la musculation (je n’ai jamais vraiment eu de recherche esthétique). J’étais fortement influencé par les deux plus grands mythes concernant la préparation physique par les arts martiaux que j’ai décrit dans cet article.
Mais j’ai compris, à travers cette lecture, que la musculation pouvait être efficiente si elle était pratiquée d’une façon correcte et avec un but précis. C’est ce livre qui m’a initié à la préparation physique. En fait, si je suis sur ce blog c’est très certainement grâce à lui.
Ce livre ne vous donne pas seulement une méthode, il vous explique comment elle fonctionne. Et c’est vraiment génial de comprendre comment notre corps peut fonctionner, l’intérêt d’un temps de repos, surtout lorsqu’on est adolescent et qu’on aurait tendance à faire n’importe quoi.
En plus de cela il a développé un forum où l’on peut parler de cette méthode, une vraie communauté autour de la musculation et je trouve que c’est une excellente idée.
Sans ce livre je ne me serais peut-être jamais intéressé à la musculation, à la façon la plus logique de renforcer ses muscles pour tel ou tel mouvement. C’est pourquoi il gagne largement sa place ici ! (D’ailleurs, aujourd’hui encore lorsqu’on me demande un ouvrage pour débuter, je le conseille chaudement).
Voilà, cet article se termine, je ne saurais que vous recommander de lire ces livres si ce n’est pas déjà fait ! J’imagine que vous devez avoir des lectures à me proposer donc n’hésitez pas à laisser un commentaire ! Vous pouvez partager cet article sur vos réseaux sociaux préférés, et n’hésitez pas à liker s’il vous a plu.
Si cet article vous a donné envie de vous entraîner, vous serez peut-être intéressé par cet autre article sur l’entraînement à la plage, ou bien par celui-ci sur l’entraînement sportif l’été.
A très vite !
1 : Le zen des samuraïs, mystères de la sagesse immobile et autres textes, p.43, Maître Takuan Albin Michel
Très bon article avec des livres intelligents et intéressants ????
Merci beaucoup =D. Bonne lecture si tu ne les as pas lu =)
Marvin je trouve les articles dans ton blog très intéressant encore félicitations à vous deux je me répète peut-être mais c’est mon vieil âge allez sayonara
Gros bisous
Merci beaucoup sensei ! Tes commentaires nous motivent toujours et nous rassurent dans nos choix =). Bisous à vous =D
Hello !
Alors vraiment tes livres m’intéressent beaucoup ! Je pense lire la 2 et puis la 1. Ce qui me fait rire c’est que je fais le chemin inverse de beaucoup de monde : c’est-à-dire ce qui m’a très tot intéressée c’était tout ce qui était lié à la spiritualité. Maintenant je veux lier cela à mon corps (souvent les gens font le chemin inversent). Le dernier celui de la musculation je pense pas le lire mais c’est justement depuis que je suis dans « manga workout » que je prends conscience de tout cela et que je suis vraiment motivée à me donner à fond (tandis que avant j’ai toujours été sportive mais je faisais surtout une sorte de « maintient en forme »).
mes livres qui ont changés ma vie : Le pouvoir du moment présent, Le guerrier de la lumière, Le petit prince (eh oui ahah)
Salut Marvin, je suis depuis le début tous t’es articles que je trouve passionnant! Je me suis mis depuis peux à la philosophie et particulièrement a celles des arts martiaux. Voir les arts martiaux sous un nouvelle œil, comprendre son sens, ect… J’aimerais si possible que tu développe plus le « shin – gi – tai » dans un article dédié à celui-ci.
Gros bisous à vous deux, continuer comme ça!
Hâte de vous revoir sur les tapis de marcheprime
oups, après avoir relu correctement ton article je me rend compte que tu en parle tous du long. Excuse-moi d’avoir posé un question dont la réponse est dans l’article 🙂
Salut Alexandre et merci pour tes commentaires =).
Alors effectivement on parle du shin-gi-tai dans l’article, dans le sens où l’on parle du corps de l’esprit et de la technique. Mais on va consacrer un article aux liens qui les unissent. Cet article était prévu mais sans durée précise, donc ta demande va nous le faire passer « en priorité ». On va d’abord devoir terminer ce que l’on a entrepris. Je pense qu’il devrait sortir mi-septembre. Mais d’ici là ne cesse pas de nous suivre, et n’hésite pas à poser d’autres questions 😉
Super article je découvre des livres que je ne connaissais pas ….je connaissais l’art de la guerre et puis j’ai pratiqué aussi la méthode lafay quand j’étais militaire et ça m’a beaucoup aidée aussi à la préparation physique même si je trouve un petit peu les séances longues et je sais qu’il ne faut pas dépasser 45 minutes …c’était un bon préambule pour la préparation physique sans matériel😊
Bonjour Daryus,
Merci beaucoup pour ce commentaire. Oui l’art de la guerre est également un incontournable, toujours utilisé dans l’armée aujourd’hui !
Tout à fait la méthode Lafay n’est pas sans défaut, mais c’est un excellent moyen de mettre un premier pied dans cet univers.
A bientot =)