Nous participons à nouveau à un carnaval d’articles qui a pour thème : “Lutter contre ses phobies”.
Qu’est-ce qu’un carnaval d’articles ? Nous vous en rappelons le principe : plusieurs blogs se rassemblent et écrivent chacun un article sur un thème choisi par un blog hôte. Tous les articles sont ensuite partagés sur les différents blogs afin de vous faire découvrir nouveaux thèmes, et de nouvelles plumes. Un résumé des articles et un PDF sera ensuite publié et partagé ici à la fin de cet événement, afin que vous puissiez tout lire et tout savoir sur ce sujet ! 🙂
Cet événement inter-blogueurs nous est aujourd’hui proposé par Stéphanie du blog Maria Medita, suite à son témoignage sur l’Amaxophobie que vous pouvez voir ici. Vous pouvez retrouver tous les articles participant à cet événement sur son site ici, et un ebook librement téléchargeable a aussi été créé pour l’occasion, pour que vous puissiez tout lire tranquillement où que vous soyez (il est disponible en suivant le même lien). 😉
Il me semble que dans le cas d’une phobie, il n’y a pas une solution mais des solutions. Chaque personne est différente, et elle l’est à chaque instant. Ce qui va marcher pour une personne ne fonctionnera pas nécessairement pour une autre. Et peut-être même que cette personne mettra 20 ans avant que cela ne fonctionne pour elle.
D’ailleurs, je pense que parfois on peut soigner cette phobie malgré soi. Dans cet article, je vous dirai comment je me suis soigné d’une phobie grâce aux arts martiaux et aux sports de combat.
Phobie : pourquoi les arts martiaux et sports de combat sont utiles
Définition d’une phobie
D’après le Larousse, la phobie peut être deux choses :
- Une crainte angoissante et injustifiée d’une situation, d’un objet ou de l’accomplissement d’une action.
- Une aversion très vive pour quelqu’un ou peur instinctive de quelque chose : Avoir la phobie de la foule.
Autrement dit c’est quelque chose d’irraisonné et sur lequel nous n’avons pas de contrôle à priori. Une situation tout à fait détestable.
Cette aversion peut être soit totalement injustifiée, soit instinctive. Ce qui est instinctif est souvent transmis involontairement. Par exemple la phobie des serpents est très présente dans les pays chrétiens car il représente le mal, alors que dans d’autres pays ils sont vénérés.
Seulement dans les deux cas la phobie est tellement ancrée en nous qu’il est difficile de travailler dessus. Pourtant ce n’est pas impossible. Il existe des psychiatres spécialistes de ce thème, et certaines activités peuvent aider à nous calmer. Nous allons voir pourquoi les arts martiaux et les sports de combats peuvent être une solution.
Arts martiaux et contrôle de soi
Dans les arts martiaux on cherche à garder le contrôle de nos mouvements à chaque instant, même lorsque c’est contre-intuitif. Tout simplement parce que parfois l’instinct peut nous mettre en danger.
Par exemple je ne connais aucun débutant qui ne ferme pas les yeux lorsqu’un coup arrive sur lui. Ce geste instinctif va être transformé durant les entraînements, afin de ne plus fermer les yeux si le choc est évitable. Même si ce n’est pas une phobie, c’est un réflexe physique qui est difficile à changer.
Je pense que les arts martiaux et les sports de combat transforment notre corps et notre façon d’être en profondeur. Ils nous apprennent à mieux nous connaître, et ainsi à mieux nous contrôler. Mais je pense que pour réussir à avoir cette maîtrise, il faut lâcher prise, accepter de ne plus tout contrôler à 100%.
Oui je sais, vous vous dites “mais il est fou, pourquoi se contredit-il ?”. Mais non, je ne me contredis pas, avoir un parfait contrôle de soi-même, c’est savoir quand on n’a plus le contrôle de la situation et l’accepter. Et là vous commencez à comprendre où je de veux en venir. Je pense que l’un des problèmes de la phobie c’est de sentir que l’on ne contrôle pas quelque chose mais de ne pas l’accepter.
Lorsque je commence à être oppressé parce que je suis face à ma phobie, ce qui m’aide c’est de me dire “Ok, je sais que c’est dur, mais je ne vais pas mourir. Il faut que j’accepte la réaction de mon corps et que je reprenne le contrôle doucement”.
Pour cela, la préparation mentale joue un rôle très important. C’est quelque chose d’assez complexe que l’on essaie de vous présenter dans cet article.
Des exercices qui permettent de mieux se maîtriser
Dans les arts martiaux et les sports de combat, il existe des exercices qui vous apprennent à mieux vous maîtriser, que cela soit mentalement ou physiquement. Je vais d’abord vous donner des grandes familles d’exercices et des exemples simples. Je ferai des corrélations plus approfondies dans la partie suivante.
Par exemple, dans les arts martiaux, vous allez travailler sur votre équilibre en donnant des coups de pied ou en projetant votre partenaire. Cela peut vous aider à mieux gérer une phobie du vide ou de la peur de chuter (une phobie qui arrive souvent avec l’âge).
Vous apprenez aussi à mieux gérer votre souffle, ce qui peut vous apprendre à gérer votre stress ou une crise d’angoisse.
Vous travaillez aussi sur le fait de reprendre le contrôle de vous-même dans des situations pédagogiques qui vous mettent en difficulté. Ce qui fait que lorsque vous serez face à votre phobie vous serez peut-être plus à même de vous contrôler.
Vous apprenez aussi la persistance, le fait de ne pas abandonner. Car changer son corps et son esprit pour devenir un combattant aguerri ou un artiste martial complet demande du temps et des échecs. Tout comme apprendre à vivre avec une phobie ou la vaincre, il ne faut pas baisser les bras !
Je pourrais encore mentionner de nombreux exemples, mais j’ai peur de vous ennuyer.
Le zen, une façon différente de voir le monde
Alors pour cette partie je vais parler de ce que je connais le mieux, c’est à dire les arts martiaux japonais. Je sais qu’il existe des courants de pensée proches dans d’autres pays, mais je ne suis pas assez renseigné pour vous donner un avis pertinent. De plus, il s’agit de ma propre lecture de ce mouvement philosophique et je comprends que certains ne la partage pas !
Le zen est une philosophie de l’acceptation. Nous devons accepter ce qui nous arrive et composer avec au mieux. Dans les arts martiaux, nous devons nous adapter à notre partenaire et trouver la technique la plus appropriée. Nous devons accepter ce que ce partenaire nous offre comme opportunité.
Dans le cas d’une phobie, nous devons faire au mieux pour ne pas avoir à être terrorisé. Si je suis claustrophobe, soit je m’entraîne pour ne pas avoir peur dans des endroits restreints, soit je fais tout pour ne pas y être confronté. Mais dans les deux cas, si je n’accepte pas ma phobie, je ne peux pas agir dessus.
Je pense que le mokuso dont je parle dans cet article est un bon premier pas pour évoluer vers l’acceptation. Ainsi les arts martiaux sont une clé pour mieux appréhender sa phobie.
L’origine des arts martiaux
Il me semble intéressant de rappeler que historiquement, les arts martiaux ont pour but d’entraîner des personnes à se dépasser pour aller sur un champ de bataille et laisser derrière eux la peur de mourir. Et cela assez rapidement. Tout simplement parce que la majorité étaient des paysans qui allaient avoir une formation très courte.
Si ces anciens arts martiaux n’ont plus rien à voir avec ceux que nous pratiquons aujourd’hui, dans les arts martiaux japonais il subsiste un brin de cette mentalité.
Je pense au karaté par exemple, où l’on dit que chaque coup est mortel et que l’erreur n’existe pas. Cela est une façon de conditionner notre esprit, de nous apprendre à nous dépasser, de montrer à quel point il est important de donner son maximum. Dis comme cela, on pourrait se croire dans un film, mais lorsque c’est pris au sérieux, c’est un très bon moteur pour apprendre à se dépasser. Et peut-être dépasser sa phobie.
Quelques exemples d’exercices qui vous aident à sortir d’une phobie
Dans cette partie je vais vous donner quelques exemples concrets de phobies sur lesquelles on travaille dans les arts martiaux. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un travail direct, il est réel et possède une certaine efficacité !
Le combat au sol lutte contre la claustrophobie
Lorsque j’ai commencé les arts martiaux j’étais claustrophobe. J’avais énormément de mal à dormir la porte fermée par exemple. Cela vient sûrement du fait que ma mère est claustrophobe et de mon asthme, qui me fait étouffer lorsque je fais une crise.
Après plusieurs années de pratique de ju-jutsu j’ai remarqué que je pouvais aller donner un coup de main à mon frère pour des travaux dans les combles. Biensûr je n’étais pas à l’aise, mais je suis entré et j’y suis resté.
Ce qui est intéressant c’est que ça c’est passé sans que je m’en rende compte. J’ai fermé la porte de ma chambre sans y faire attention par exemple. Et je sais que la pratique du sol n’est pas innocente dans mon évolution. Pourquoi ?
Tout simplement parce que dans le combat au sol on est constamment en contact, en train de chahuter, de se faire écraser ou d’écraser l’autre (oui je donne une image très simplifiée 🙂 ). Et on retrouve un peu cette sensation d’étouffement que l’on peut ressentir dans le cas de la claustrophobie. Mais comme on n’est pas enfermé on éprouve beaucoup moins de difficultés à le subir. Et petit à petit, on peut aller mieux. C’est ce que je souhaite à tous ceux atteints de la même phobie que moi ! Aller, à l’entraînement !
Ce n’est pas la seule chose qui fait que les arts martiaux m’ont permis d’être heureux. Si vous voulez en savoir plus suivez ce lien.
Pour lutter contre la phobie de tomber : apprendre à chuter
Je vais vous parler d’un de mes élèves, car je trouve son cas très intéressant.
Cet élève a commencé les arts martiaux sur le tard (40 ans passés), et avec de gros problèmes de dos. Cela fait maintenant 1 ans qu’il étudie le ju-jutsu à mes côtés, en moyenne 1h30 par semaine.
Lorsqu’il est arrivé, l’une des premières choses qu’il m’a dite c’est “je vais devoir chuter moi aussi ?”. Je lui est expliqué qu’effectivement, il n’allait pas y échapper. Alors il n’avait peut-être pas une phobie, mais une très grosse peur en tout cas. Par exemple, faire une roulade lui semblait impossible.
À force d’entraînement et de pédagogie, mais surtout de beaucoup de courage, il progresse énormément ! La semaine dernière il a réussi à faire une chute en marchant. Il n’en revenait pas lui même. Il fait de très gros progrès car il accepte les exercices spécifiques que je lui donne.
Je pense que l’apprentissage de la chute est un excellent moyen de combattre la phobie de tomber.
Les vestiaires, pour lutter contre une pudeur phobique
Comme dans tous les sports, les arts martiaux et les sports de combat ont des vestiaires. Et il arrive que certaines personnes soient très pudiques, et refusent de se changer devant tout le monde.
Mais dans les sports de contact, on apprend à lâcher prise sur son corps. On peut être confronté à des positions ou des actions insolites ! Je me rappelle d’un cours de pied/poing avec un ami, où l’on a voulu éviter un coup en faisant une feinte tous les deux en même temps. Et on s’est retrouvé bouche contre bouche ! C’était très drôle et il n’y a eu aucune gêne, mais cela aurait eu lieu quelques années en arrière j’aurais eu beaucoup plus de mal à l’accepter.
Ces sports nous apprennent à lâcher prise sur ce genre de situation, et a fortiori à être moins pudique. Parfois, au bout de quelques années de pratique on voit des personnes qui “débarquent” dans les vestiaires alors qu’avant on ne les y croisait pas. Et je pense que c’est quelque chose de très sain car c’est un signe d’acceptation de son corps et de bien-être.
Les discussions permettent de lutter contre la peur du rejet ou la phobie sociale
Les dojos et clubs sont des endroits où il y a beaucoup d’échanges. Dans la plupart des clubs que j’ai pu voir, il y a souvent des gens qui restent pour discuter à la fin du cours, parfois même autour d’un pot.
Je pense que c’est un très bon moyen de réussir à s’insérer dans la société. Il y a des personnes qui ont très peu de liens sociaux en dehors du sport. Elles travaillent chez elles, et ne sortent que pour les nécessités de la vie quotidienne mais sans créer de lien. Le sport dans son ensemble est un moyen de garder un contact régulier et parfois d’aller au delà d’une phobie de la société.
L’ensemble des arts martiaux et sports de combat apporte de la confiance en soi
A mon avis beaucoup de personnes peuvent réussir à mieux vivre avec leur phobie si elles arrivent à avoir plus confiance en elles. Le fait de ne pas avoir confiance en soi crée un malaise qu’une phobie vient accentuer. Si vous êtes plus sûr de vous, cela va vous perturber mais vous pourrez plus facilement reprendre le dessus.
Et les arts martiaux comme les sports de combat sont un excellent moyen de reprendre confiance en vous. Vous allez apprendre vos capacités, devoir dépasser vos propres limites et briser vos croyances limitantes.
Les arts martiaux et sports de combat, un bon moyen de récupérer après un traumatisme qui a créé une phobie
Je voudrais ici parler d’un cas que l’on voit malheureusement encore trop souvent. Je parle de celui de personnes qui viennent car elles sont traumatisées suite à une agression.
Que vous la subissiez ou que vous en soyez le spectateur, une agression est un acte choquant, qui peut être traumatisant et amener à développer une phobie. Des actes violents comme la maltraitance peuvent également engendrer ce genre de réactions.
En fait, lorsque l’agression se déroule, il y a plusieurs réactions possibles. Mais dans tous les cas, cela ne laisse pas indifférent. Le traitement post-traumatique n’est pas à prendre à la légère.
J’ai eu des élèves qui venaient suite à une agression et qui me disaient “je ne veux plus jamais subir ça à nouveau”. Ce qui est difficile c’est qu’avec ces élèves, il est parfois impossible de les rediriger vers un professionnel car ils refusent d’en parler, nous devons donc agir seul.
Les arts martiaux et les sports de combat, grâce aux jeux d’opposition, à la gestion du stress, de l’espace et du combat, peuvent permettre une certaine rémission. Il faut réussir à rassurer l’élève quant à ses capacités de se déplacer sans danger.
Et sur ce point j’ai pour idée que nous (les enseignants) devons aussi jouer un rôle préventif, expliquer qu’il faut éviter les zones de danger comme les ruelles sombres le soir par exemple.
De plus, il est intéressant pour l’élève d’être confronté à nouveau à la situation qu’il a subie dans un cadre pédagogique. Lorsqu’on tombe de cheval il faut remonter immédiatement.
Cet article se termine, merci de l’avoir lu jusqu’au bout ! 🙂 Je tiens aussi à remercier Stéphanie de nous avoir laissé participer à cet événement interblogueurs. Je vous souhaite une bonne lecture de l’ensemble des articles de ce carnaval, et j’espère que vous trouverez toutes les réponses à vos questions et de nouvelles pistes pour vaincre vos peurs et vos phobies !
A bientôt !