Un nouvel article qui fait partie d’un carnaval d’article proposé par Shirley du blog “Grandir avec plaisir” sur le thème “Ce conseil qui m’a permis de surmonter mes échecs”. Bien entendu nous parlerons ici d’échecs dans les Arts Martiaux et Sports de Combat, mais comme tout ce qui touche à la préparation mentale, vous verrez que l’on peut faire des liens avec votre quotidien. SI vous souhaitez découvrir le blog de Shirley je vous conseille cet article sur le boulier japonais qui est intéressant.
Attachez vos ceintures on part dans le fouilli de mon cerveau pour découvrir ce qu’est un échec pour moi et surtout, quels sont les échecs qui m’ont marqué !
Mes échecs
Qu’est-ce qu’un échec ?
Le Larousse en ligne définit échec par :
Résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite ; défaite, insuccès, revers
Vous vous en doutez certainement, cette définition ne me convient pas. Pourquoi ? Car elle est seulement négative (sauf, peut-être “insuccès”). Alors comment définirais-je un échec ?
Pour moi c’est le fait d’avoir parcouru un chemin en vue d’un objectif, et d’avoir pris un sentier annexe à un moment donné.
Si vous avez fait une erreur, ce n’est pas que vous avez pris un mauvais chemin, mais plutôt une petite route au lieu de l’autoroute ! À condition de garder le bon objectif (destination), et de vérifier que le chemin y est relié, alors on progresse dans la bonne direction.
Mes grands échecs dans les arts martiaux
Cela fait un bout de temps que je traîne dans l’univers des Arts Martiaux, et des échecs j’en ai connu beaucoup. N’étant pas compétiteur dans l’âme, je ne me suis jamais senti frustré ou en échec lorsque je perdais un combat (le plus souvent amical). Par contre, d’autres choses m’ont touché.
Par exemple, je me suis senti extrêmement frustré lorsque j’ai fait une énorme erreur de nutrition lors de mon premier stage de 24h qui m’a empêché d’être à 100% de mes capacités. D’ailleurs si vous avez une activité d’endurance, je vous invite à lire cet article pour connaître ma plus grosse erreur lors d’une épreuve d’endurance et ne pas faire la même que moi.
Il faut aussi savoir que j’ai échoué lors de mes trois passages de grade avant de les réussir (1er, 2ème et 3ème dan). À chaque fois ces échecs ont été extrêmement frustrants. Je passe plus de 15 heures sur les tatamis chaque semaine et j’échoue lamentablement. Dans ces circonstances, c’est difficile de se remettre en question mais il n’y a pas vraiment le choix.
Enfin, mon troisième gros échec c’est lorsque j’ai enfin pris du recul par rapport à la préparation physique. Mes enseignants sont ouverts d’esprit et ne m’ont jamais empêché de les questionner ou de chercher ailleurs. Mais j’avais toujours entendu dire que la préparation physique pouvait être contre-productive pour un pratiquant d’Arts Martiaux (lisez cet article si vous voulez connaître les 2 mythes sur la préparation physique pour les Arts Martiaux).. C’était à l’époque où les informations étaient plus difficiles à trouver, j’ai cru ces informations. Et lorsque j’ai osé en parler avec mes sensei, ils m’ont dit que c’était stupide, qu’une bonne préparation physique était un bon moyen de progresser. Ma vision globale de ma discipline était une forme d’échec.
Maintenant vous voyez trois échecs, dont deux qui remettent complètement en cause mon rapport à ma discipline. Et vous vous demandez certainement quel conseil m’a aidé à surmonter mes échecs.. Vous n’allez pas être déçu !
Le conseil qui m’a permis de surmonter mes échecs
C’est un proverbe que ma mère m’a dit quand j’étais au collège et que j’ai failli être expulsé du collège.
C’est un peu vulgaire, mais ça a le mérite d’être clair. Et je trouve qu’ il y a deux conseils essentiels à retirer de cette phrase. C’est en tout cas la lecture que j’en ai faite pour surmonter mes échecs.
Accepter l’échec
Il ne sert à rien de s’en vouloir éternellement, il vaut mieux utiliser ce temps à réparer les pots cassés.
Il faut accepter l’échec pour pouvoir sortir de cette situation. Si l’on reste dans le déni, dans l’obsession de ce que l’on aurait pu faire, on s’invente un univers sans chercher une solution.
Concrètement, lorsque j’ai compris la place de la préparation physique pour un combattant j’avais deux choix. Premièrement, rester dans une sorte de déni (“je n’en ai pas besoin, cela me suffit”) ce qui aurait été possible si je ne combattais jamais (il existe de nombreuses formes de combat) pour me confronter et me tester (je ne dis pas que le combat est nécessaire, mais qu’il a sa place dans la préparation d’un artiste martial qui souhaite en faire).
Deuxièmement, me dire “Ok, jusqu’à maintenant j’étais dans l’erreur je me privais d’un outil génial, je vais maintenant l’utiliser”.
Depuis j’ai passé deux diplômes dans la préparation physique et j’ai même commencé à suivre des athlètes ! Autrement dit, mon erreur m’a permis d’approfondir un chemin que je n’aurais peut-être pas autant arpenté si je n’avais pas “échoué”.
Se préparer pour éviter l’échec
Dans ce dicton on nous dit bien qu’il ne faut pas serrer les fesses APRÈS ce qui signifie qu’il faut les serrer AVANT.
Autrement dit, pour éviter de me retrouver dans une situation d’erreur, il faut que je me prépare correctement à l’épreuve. Cela semble facile, dit comme cela, mais ce n’est pas si simple.
Si vous ne savez pas quand est l’épreuve, que vous ne connaissez pas ses modalités, il devient plus complexe de s’y préparer (ce qui est le cas pour une discipline de self-défense).. Je me suis donc intéressé aux facteurs qui faisaient que les personnes sous stress pouvaient réussir à agir.
Nous pouvons par exemple parler de la zone de flow ou encore du Mushin (l’esprit libre ou esprit vide) une notion complexe et profonde à laquelle nous avons dédié un article complet juste ici.
Pour le formuler d’une autre façon, j’ai essayé de faire en sorte que mon cerveau soit prêt à affronter une épreuve en toute circonstance. Par exemple, si je suis malade et que je n’ai que 40% de mes forces, je voudrais pouvoir utiliser l’intégralité de ces 40%.
Pour cela je me suis grandement intéressé à la préparation mentale, et à force de formation, je suis devenu préparateur mental également.
Bien entendu, la préparation mentale peut se compléter avec une préparation physique efficace (et vice-versa).
Par exemple, ayant échoué à mon deuxième dan à cause d’une condition physique défaillante (une crise d’asthme survenue lors de ma huitième minute de combat), je me suis mieux préparé et je n’ai eu aucun problème lors de mon nouveau passage, ni lors de mes deux passages du troisième dan (auquel j’ai échoué pour des raisons techniques).
Donc le conseil double qui m’a permis de surmonter mes échecs serait en fait le suivant :
- accepte ton échec et tires-en des leçons
- lorsque tu sais que tu risques d’être en échec, fais tout pour utiliser 100% de tes capacités ce jour-là
Les astuces que j’en ai tirées pour surmonter mes échecs
J’ai chéri mes échecs
On est dans une société où l’on n’aime pas connaître des échecs, on aime la perfection. D’ailleurs, lorsque vous lisez un article dans une revue sur une personne inspirante on y présente souvent ses réussites bien plus que ses échecs.
Il n’y a aucun jugement de valeur lorsque je dis ça, c’est un fait que j’ai constaté empiriquement. Cependant, même ceux qui vous inspirent ont connu des échecs, souvent bien plus que les autres et ils ont su se bâtir avec.
Même José connaît des échecs, parfois il cuit mal ses merguez !
Cependant, les échecs sont une vraie force pour moi. Comme je vous le disais, j’apprends beaucoup grâce aux échecs.
Si vous voulez savoir comment transformer vos erreurs en élément constructifs, je vous invite vivement à découvrir cet article.
Cependant ce n’est pas la seule chose que j’ai apprise.
Accepter mes points faibles
Pour pouvoir me préparer à la prochaine épreuve il faut que je sois honnête avec moi-même et que je sache ce que je dois travailler. Pour cela je dois être capable de donner mon ou mes points faibles et accepter de travailler dessus.
Par exemple, lorsque j’ai débuté les Arts Martiaux j’avais un gros problème de cardio à cause de mon asthme. Mon sensei (enseignant) a été très bienveillant et m’a beaucoup aidé. Le plus dur dans ces moments-là est de réussir à rester motivé, car on travaille sur un point où l’on fait de mauvaises performances. Cela donne un sentiment de régression. On a écrit plusieurs articles qui peuvent vous aider à rester motivé :
Avec ces astuces j’ai réussi à garder une motivation forte, à retrouver ma motivation lorsque je l’avais perdue, et ainsi à surmonter mes échecs !
Il reste une question importante. Je vous ai dit tout à l’heure que l’échec était un autre chemin vers un même but. Cela veut dire qu’il faut définir clairement votre but ! Et pour cela… lisez le point suivant ! 🙂
Des objectifs efficaces pour surmonter mes échecs
Vous connaissez très certainement les objectifs SMART, il y a de nombreux articles et vidéos sur ce thème. D’ailleurs on en parle également dans le dernier article que j’ai cité (si vous ne savez pas ce que c’est cliquez dessus ce lien).
Mais j’aimerais aller plus loin qu’un simple objectif SMART. Il faut absolument définir 2 types d’objectifs :
- les objectifs de fin : ils sont soient validés, soient invalidés. Par exemple, réussir une compétition.
- les objectifs de moyens : ils peuvent être en cours de validation (par exemple : être plus rapide sur mes déplacements)
Pourquoi ces deux types d’objectifs ?
Les objectifs de fin vous permettent de vous situer clairement dans votre travail, de vous évaluer à un moment donné. Cependant, une fois effectués ils peuvent pousser à l’abandon ou au découragement. Que faire après avoir gagné la dernière compétition ? Pourquoi continuer après avoir échoué à ma ceinture noire ? Cela peut-être un facteur limitant de la motivation. Cependant, bien définis ils sont une source de motivation en donnant une date butoir et un exercice final (on revient sur le problème de la temporalité un tout petit peu plus bas)
Les objectifs de moyens sont toujours perfectibles. Ce sont des moyens d’être plus performant, qui sont qualitatifs. Se déplacer plus vite, avoir plus de puissance, mieux gérer son équilibre, etc,…Tous les champions, les grands athlètes, continuent de s’entraîner sur ces points, et ceux qui pratiquent hors compétition s’entraînent beaucoup plus sur ces objectifs. Par exemple, les pratiquants de sport loisir cherchent à mieux utiliser leur corps, avoir une meilleure vie sociale, etc,.. En somme, des objectifs de moyen.
Et la temporalité dans cela ?
Il faut comprendre que vos objectifs doivent être définis sur différentes temporalités, de telle façon que vous devez avoir un objectif pour un temps très court (votre semaine ou mois par exemple), un temps moyen (le trimestre), un temps long (l’année) et éventuellement un temps très long (trois ans).
De cette façon, lorsque l’objectif de temps long deviendra un objectif de temps moyen, vous aurez un autre objectif de temps long qui prend sa place. Et vous avez toujours des raisons de rester motivé. De plus, vous êtes certains de travailler pour vos objectifs à long terme lorsque vous travaillez aujourd’hui, car chaque objectif est relié au suivant.
Prenons un exemple concret : Un athlète s’entraîne pour les Jeux Olympiques 2021. C’est sûr du long terme (1 an). Mais en Juin cela sera un temps court (un mois), et il devra avoir un autre objectif pour l’après, un objectif pour juin 2022 par exemple. Même s’il ne veut pas y penser, que ce n’est pas le moment, s’il a formulé (et écrit) cet objectif, il sera plus facile de se remotiver après la compétition quel que soit le résultat.
Pour ce qui est des objectifs de moyens, on peut attendre le résultat de la compétition de 2021 pour voir si les objectifs travaillés doivent encore l’être ou au contraire s’il est préférable de passer à d’autres objectifs. Les objectifs de fin permettent de vérifier que l’on progresse dans nos objectifs de moyens.
Nous avons fait une vidéo pour expliquer ces concepts, que vous pouvez retrouver ici ou juste en dessous.
On espère que cet article vous a plu, si c’est le cas partagez-le pour aider un maximum de personnes. Si vous souhaitez lire un autre article on vous conseille celui-ci qui vous explique pourquoi et comment sortir de sa zone de confort. On remercie Shirley pour son idée de carnaval d’articles !
À très vite
Cet article est corrigé par Henri-Pierre Juguet. Nous le remercions pour son travail de qualité. Si vous aussi vous souhaitez un bon relecteur/correcteur, voici son adresse mail :
hpj.correction.redaction@gmail.com
J’aime bien ta notion d’utiliser 100% de ses capacités disponibles même si on se sait en échec. Cela montre qu’il ne sert à rien de baisser les bras.
J’aime bien ta notion d’utiliser 100% de ses capacités disponibles même si on se sait en échec. Cela montre qu’il ne sert à rien de baisser les bras.
On ne peut pas s’en vouloir de ne pas réussir, mais on peut s’en vouloir de ne pas essayer au maximum
Un maitre, c’est quelqu’un qui a beaucoup échoué !
C’est tout à fait ça ! 🙂
Aussi étrange que celui puisse paraitre, le plan sur l’échec est un bon rappel concernant un deuil que je vis actuellement. On ne peut pas passer son temps à revivre ses échecs, il faut en faire l’opportunité pour le présent…et le futur.
Merci à toi et à l’auteur de ce article 😉
Merci pour ce commentaire. Le deuil n’est pas quelque chose d’aisé. Courage..