Gérer le regard des autres pour un combattant

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gérer le regard des autres

 

 

Le stress est un facteur important de la vie animale. Il met le corps en état d’alerte et lui permet de réagir beaucoup plus rapidement. Mais le stress social est quelque chose de très complexe à maîtriser, car il ne dépend pas de nos capacités physiques (courir pour échapper à une proie) mais de règles complexes et parfois obscures. C’est pour cela qu’il est si difficile de gérer le regard des autres.

Cet article participe au carnaval d’articles (plusieurs blogueurs écrivent sur un même thème) proposé par le blog Multipassionnés Épanouis sur le thème “Comment gérer le regard des autres ?“. C’est un blog qui accompagne les personnes plurielles et multipassionnées à se construire une vie épanouie qui leur permet d’être TOUT ce qu’elles veulent être. J’ai particulièrement aimé les conseils donnés dans cet article, qui vous permettront de vous dépasser et de toujours être meilleur qu’hier ! 

 

Le regard des autres dans les Sports de Combat et les Arts Martiaux ?

 

À quel moment cela regarde un pratiquant de Sport de Combat ou d’un Art Martial ? Tout le temps ? Oui et non, il y a des moments cruciaux où ce regard des autres est beaucoup plus lourd. Quand ? Voici une liste non exhaustive des moments où vous êtes plus sensibles à ce stress social.

  • Lorsque vous débutez ou changez de club
  • Lorsqu’un débutant vous regarde / lorsque quelqu’un de votre entourage vient voir le cours
  • Si vous êtes trop accroché à un objectif
  • Pendant que vous passez un grade
  • Lorsque vous faites participez à une compétition
  • Quand vous enseignez

Avant de voir comment le regard des autres a des conséquences dans ces différentes situations, sachez que sur un tatami ou un ring, tout le monde est sujet à être jugé. Que l’on soit un homme, une femme ou un enfant implique des jugements, même si les critères peuvent être différents. Il est important de comprendre que la façon de gérer le regard des autres est identique, peu importe notre sexe et notre âge.

Les conseils que je donne ici ont déjà fait leurs preuves, mais il se peut que cela ne vous convienne pas, n’hésitez pas à nous poser des questions en commentaire pour que l’on puisse vous aider. Si vous avez d’autres conseils qui fonctionnent pour vous n’hésitez surtout pas à nous en faire part. 

 

Gérer le regard des autres lorsqu’on débute

 

C’est très certainement à ce moment que le regard des autres peut nous sembler être le plus pesant et le plus difficile à gérer. C’est pour cela qu’il est très important de choisir un club dans lequel l’ambiance nous convient. Pour y arriver vous pouvez suivre les conseils de notre article “Quel Art Martial (ou Sport de Combat) choisir”. 

Même si le club vous est adapté il est parfois difficile de s’insérer dans un groupe formé depuis longtemps. Il y a deux types de difficultés qui peuvent arriver avec le regard des autres.

 

Le sentiment d’incompétence

 

La première est que vous vous sentiez totalement incompétent. Les adhérents vous donnent des conseils et vous vous sentez noyé sous ces informations. Cela peut vous décourager et vous pousser à abandonner le club, car vous vous sentez nul.

Pour cela le plus il existe des remèdes simples. Vous pouvez demander aux personnes de ne pas vous donner trop de conseils car vous n’arrivez plus à voir clair dans votre pratique.

Vous pouvez aussi prendre du recul et vous dire que ces conseils feront chemins, qu’il n’est pas nécessaire de se concentrer sur chacun d’entre eux.

Enfin, vous pouvez vous dire que sur un cours vous n’écoutez qu’un conseil en plus de ceux donnés par l’enseignant.

 

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Le défi

 

La deuxième configuration est lorsque vous avez déjà pratiqué d’autres disciplines ou que vous êtes physiquement impressionnant. Le regard des autres peut devenir plein de défi ou de jalousie. Il suffit de faire abstraction et continuer votre pratique en toute sincérité en vous rappelant ce que l’on vous a dit dans notre article “Shoshin, l’esprit du débutant”, vous pouvez apprendre de tout le monde.

Je me rappelle lorsque je me suis mis au Karaté après l’obtention de mon troisième dan en ju-jutsu. Certains m’ont regardé avec un air de défi après le premier cours car j’apprenais beaucoup plus vite qu’un débutant classique et que le professeur m’avait pris pour exemple. Mais après quelques cours, il n’y avait plus aucun esprit de rivalité mais un vrai désir de progresser ensemble. 

Dans les deux cas, lorsqu’on commence une nouvelle discipline le plus important est de persévérer et de pratiquer sincèrement. Je suis certain que cela rappelle à certain notre article “Fudoshin, l’esprit immuable”.

 

Gérer le regard d’un débutant ou d’un ami

 

Cela me fait toujours rire lorsqu’un élève expérimenté travail correctement, de façon relâchée et vive, et qu’un débutant ou qu’un de ses proches vient le regarder. Il arrive fréquemment qu’il devienne beaucoup plus brouillon et beaucoup moins relâché. Le plus drôle c’est un adolescent qui se fait observer par un groupe de fille, il peut même devenir mauvais perdant.

Je me souviendrais toujours d’un jour où je faisais un travail au sol avec un élève et qu’une fille qu’il fréquentait est venue, il m’a demandé “Tu peux me laisser gagner ?”. Il n’a jamais autant subi de tous nos entraînements, mais à la fin je l’ai félicité car il n’avait rien lâché et qu’il avait fait mieux que d’habitude (ce qui était totalement vrai). Plus tard en aparté je lui ai expliqué qu’il devait utiliser ce regard des autres pour se dépasser et non pas pour demander à ses partenaires de se rabaisser.

Et si j’avais un conseil à vous donnez ce serait le même. Lorsqu’une personne vous observe rester calme, prenez une grande inspiration, faites descendre vos épaules, et dépassez-vous. 

Ne faites pas comme José, ne quittez pas le tatami pour aller proposer un rencard à la jolie jeune fille qui vous regarde, vous perdriez toute crédibilité !

 

Le cas le plus difficile : lorsque vous êtes trop accroché à votre objectif

 

Le problème de ce cas c’est que le regard des autres semble porter sur quelque chose qui vous touche intérieurement. On ne juge pas votre mouvement, mais votre capacité à réussir votre objectif. Le risque c’est que cela vous empêche de progresser car vous n’êtes plus apte à entendre les conseils. Ou alors vous pouvez vous démotiver et abandonner.

 

 

Pour moi, dans ce cas précis, c’est la préparation mentale qui permet de s’en sortir. Réussir à vous fixer des objectifs corrects comme on vous l’a expliqué dans notre article “Rester focus sur ses objectifs”. En ayant de bons objectifs bien calibrés vous réussirez à prendre du recul et à mieux gérer le regard des autres.

Si toutefois vous avez l’impression que vous n’arrivez plus à rien et que vous n’arrivez pas à remonter la pente, nous avons consacré l’article “Retrouver sa motivation quand tout va de travers”  à ce thème. N’hésitez pas à le consulter.

 

 

Le regard du jury lors du passage de grade

 

Lorsque vous souhaitez passer un grade, le poids du regard des autres est très difficile à gérer. Ce regard vous juge, c’est lui qui va vous donner le verdict final. Lorsque vous saluez le jury vous avez le coeur qui bat à 100 à l’heure ? C’est tout à fait normal.

Mais comment réussir à dépasser cette crainte ? J’ai personnellement mis en place une méthode qui m’a permis de dépasser cette crainte. Je vous donne la recette.

 

Entraînez-vous partout

 

Comme je vous l’explique dans l’article “Sortir de sa sa zone de confort : pourquoi et comment le faire”, il existe de nombreuses façons pour sortir de sa routine habituelle. Il y en a une qui m’a appris à gérer le regard des autres : m’entraîner n’importe où. Au début je m’entraînais avec mes enseignants dehors, puis au fur et à mesure, avec des amis jusqu’à arriver à le faire seul. 

L’autre jour en attendant le RER je m’entraînais à faire certains mouvement de déplacement en utilisant un poteau. Les personnes sur le quai me regardaient intriguées, mais, lorsque je suis monté dans le train certaines sont venues me demander des renseignements. Bien sûr certaines se moquent, mais il suffit de laisser cela derrière vous. Après ça, pratiquer devant un jury qui comprend votre discipline devient beaucoup plus simple.

 

Faites-vous juger

 

La deuxième partie de ce protocole est de s’habituer à être jugé et par n’importe qui. Je demande à des personnes de juger tel ou tel mouvement afin de pouvoir m’améliorer.

Qu’il soit meilleur ou pas j’écoute sa critique et j’adapte mon mouvement si cela me semble nécessaire. Comme je vous l’ai mis plus haut dans cet article, Shoshin est quelque chose d’essentiel est c’est un très bon moyen de l’entraîner.

Lorsque vous avez été jugé par des personnes qui parfois n’y connaissent rien, ou qui pratiquent d’autres disciplines, et qui vous ont dit des choses très dures, avoir un avis constructif et bienveillant d’un examinateur n’est plus stressant.

 

Le regard des autres lorsque vous participez à une compétition

 

Lorsqu’on monte sur une surface de combat ou de démonstration et que l’on est au centre du regard de tout le public, le stress est inévitable. Il va falloir, encore une fois, transformer ce stress en quelque chose de positif. 

Le premier risque est que le regard des autres vous déconcentre, et que vous passiez à côté de votre performance. Ce qui serait vraiment dommage.

 

 

Pour éviter cela, je vous conseille deux choses. La première est de définir ce sur quoi vous pouvez agir et de vous concentrer dessus. Pouvez-vous changer les émotions de votre petit(e) ami(e) qui vous regarde ? Non. Mais vous pouvez changer votre performance pour qu’elle vous soutienne parce que vous avez fait de votre mieux. La seconde est d’avoir une routine de concentration avant de monter, et cela à chaque fois. Écouter une musique, méditer, travailler votre respiration, cela ne dépend que de vous, mais cela peut grandement vous aider.

Le deuxième risque est d’avoir une sorte de raideur qui s’installe, les jambe lourdes, ne plus réussir à monter sa garde, etc… Pour cela, suivez les conseils du paragraphe précédent et entraînez-vous n’importe où et habituez vous à vous faire juger par tout le monde.

 

Le regard des élèves : stressés par bienveillance ?

 

Je sais qu’il y a de nombreux professeurs qui nous suivent, et si vous vous reconnaissez dans ce que je vais dire manifestez-vous en racontant une anecdote en commentaire.

 

 

Lorsque vous démontrer un mouvement à vos élèves vous voulez faire le meilleur mouvement possible pour qu’ils le comprennent au mieux. Vous avez donc une légère appréhension, sans que cela soit du stress, parce qu’il est parfois difficile de faire comprendre par des mots et des démonstrations ce qui a été appris par des milliers de répétitions. Mais il arrive que vous montriez des mouvements sur lesquels vous êtes moins à l’aise. Et, à ce moment-là, le regard des autres pèse d’autant plus.

 

Soyez honnête

 

Par exemple, je suis assez mauvais en balayage, mais je dois quand même les expliquer à mes élèves. Je me souviens de la première fois que j’ai dû en montrer un il y a maintenant presque dix ans. Un balayage sur le pied avant lors d’une frappe au visage. Je le fais une première fois, je me loupe.

Après un grognement je dis “Bon, si vous êtes nul comme moi, ne tentez pas encore cette technique et faites autre chose en combat, mais pour l’instant on va s’entraîner dessus”.

Je le fais une deuxième fois, je me loupe à nouveau, et j’enchaîne avec un fauchage. J’en profite pour expliquer que chaque erreur est une opportunité ! Puis je fais le balayage que je réussis plusieurs fois de suite (quand même !). 

 

Préparez-vous

 

Qu’est-ce que j’ai retiré comme leçon de cette démonstration ? Tout d’abord, toujours prendre un partenaire avec lequel on est à l’aise pour montrer une technique sur laquelle on ne se sent pas forcément bien (ce que je n’avais pas fait ce jour là). Même si mon partenaire était bon, je n’avais pas l’habitude de travailler avec lui et cela m’a rendu la tâche difficile. 

Ensuite, dédramatiser, c’est une très bonne chose que les élèves voient que l’on peut se louper nous aussi. Nous en parlons dans notre article “L’erreur, une marque positive de votre progression”, l’erreur, si elle bien utilisée, vous permet de progresser.

Enfin, ne pas mentir ou se trouver d’excuse, on a été mauvais, on sera meilleur la fois d’après. Soyez honnête avec vous élèves, ils progresseront beaucoup plus vite. 

Cet article se termine, je remercie Sarah pour sa proposition d’article.

Si vous avez aimé n’hésitez pas à le partager un maximum ! Vous devriez également apprécier l’article “Dépasser ses limites grâce aux Sports de combat”.

À très vite !

Cet article est corrigé par Henri-Pierre Juguet. Nous le remercions pour son travail de qualité. Si vous aussi vous souhaitez un bon relecteur/correcteur, voici son adresse mail :

hpj.correction.redaction@gmail.com

 

 

4 Commentaires

  1. Merci Marvin pour cet article ! Il est top !
    Je ne pratique pas d’art martial (pas encore 😉) mais j’aime beaucoup ce que tu proposes, en particulier le fait de s’entraîner partout. Ça me parle beaucoup et je vais tester dans mes disciplines pour voir 😄🙏
    Merci !

  2. Ah, moi aussi je suis mauvais en balayage, j’arrive plus facilement a envoyer mon pied dans un visage qu’a balayer … il faut donc le travailler.

    Faites-moi signe lors de la prochaine session d’articles invités, je suis aussi blogueur et j’apprécie ce concept.

    A très bientôt

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